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Six questions pour tout comprendre au phénomène « X-Files » – Le Monde

Mulder, Scully, l’homme à la cigarette, « la vérité est ailleurs » et la musique si entêtante de Mark Snow… Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. En 1993, la série X-Files débarquait sur les écrans américains et s’apprêtait à filer un sacré coup de pied dans la fourmilière de la télévision et des séries. Un an plus tard, la France découvrait Aux frontières du réel (son titre français) sur M6, qui a fait trembler toute une génération.

Dimanche 24 janvier, après 14 ans d’absence, X-Files revient aux Etats-Unis pour une mini-série de six épisodes, pour laquelle ses principaux acteurs ont répondu présent. L’occasion d’expliquer à ceux qui auraient loupé un épisode (ou tous), les raisons de ce phénomène qui a marqué la décennie 90, à l’époque où les Spice Girls résonnaient dans les discmans, où la France « black-blanc-beur » remportait la Coupe du monde de foot et où le solitaire de Windows 95 représentait le summum de l’excitation vidéoludique au bureau.

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De quoi parle « X-Files » ?

La série de Chris Carter raconte l’histoire de deux agents du FBI, Fox Mulder (David Duchovny) et Dana Scully (Gillian Anderson), qui enquêtent sur des dossiers classés « X » : non résolus et flirtant avec le paranormal. Mulder, traumatisé par la disparition inexplicable de sa sœur quand ils étaient enfants, croit dur comme fer à l’existence des extraterrestres tandis que Scully, personnage scientifique et rationnel, se montre beaucoup plus sceptique.

Au fil de leurs enquêtes, ses convictions vont vaciller sur fond de conspiration mondiale, invasion extraterrestre et monstres plus ou moins terrifiants. La relation entre les deux personnages va s’étoffer durant 9 saisons et 2 longs-métrages, tenant le téléspectateur en haleine : vont-ils enfin s’embrasser oui ou non ?

Après un démarrage plutôt banal, la série connaît un succès grandissant, avec un apogée à la quatrième saison, dont l’épisode 12 a réuni 29 millions d’Américains. En comparaison, l’épisode le plus regardé de Walking Dead plafonne à 17 millions, et celui de Game of Thrones à 8 millions – diffusé sur une chaîne payante. La « X-Files-mania » envahit le monde, et il n’est bientôt plus possible de se rendre dans un supermarché sans entendre les notes glaçantes du générique de Mark Snow.

Les téléspectateurs fantasment sur David Duchovny et Dana Scully et il n’est pas rare de croiser dans les chambres d’ado la célèbre affiche du bureau de Mulder estampillée « I want to believe » (« Je veux y croire »).

Il faut dire que X-Files a donné ses lettres de noblesse à la série de science-fiction. Si à l’époque seuls les « geeks » revendiquaient leur passion pour des séries comme Star Trek, le grand public a largement adopté X-Files, tous âges et profils confondus.

Qui plus est, X-Files apparaît à l’époque du développement des tchatrooms et des forums sur Internet où les fans se réunissent pour discuter de la série. Les « X philes », comme on les surnomme, constituent l’un des tout premiers « fandoms » (communauté de fans) du Web, disséquant les épisodes et rédigeant des « fanfictions », des récits dérivés de la série. Les créateurs de X-Files ont même rendu hommage à l’une de ces auteures de fanfics en donnant son nom à un personnage, Leyla Harrison. La série a ainsi ouvert la voie à la définition du « fandom » tel qu’on le connaît aujourd’hui.

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Pourquoi a-t-elle marqué un tournant dans l’histoire des séries ?

Avec Twin Peaks, sortie trois ans plus tôt, X-Files pose les fondations des séries télé actuelles. Jusqu’alors, les séries représentaient une sorte de sous-genre, mal considéré, dans lesquelles les acteurs « sérieux » refusaient de s’impliquer. On parle de l’époque où Beverly Hills, Code Quantum, le Prince de Bel-Air ou encore Lois et Clark occupaient les ondes télévisuelles. Le sérieux de X-Files et la qualité de son écriture a donné une autre dimension à la série télé.

X-Files impose aussi un type de narration devenu incontournable aujourd’hui : la plupart des épisodes, qui mettent en scène une enquête complète, peuvent se voir indépendamment. Mais il existe en plus une intrigue beaucoup plus large, qui s’étale tout au long des neuf saisons et rend les téléspectateurs accros. Ce qui crée un univers très riche, permettant le développement d’une « mythologie » propre : personnages récurrents, références à un épisode précédent, indices et clins d’œil, qui excitent les fans.

Enfin, X-Files pose aussi les jalons des séries dont le mystère semble plus important que leur résolution… Au point d’en oublier d’écrire une vraie fin. Les amateurs de Lost apprécieront.

Quelles séries télé a-t-elle influencé ?

Outre Lost, dont la mythologie est aussi foisonnante que frustrante, X-Files a influencé de nombreuses séries. Des enquêteurs à la recherche d’indices dans le brouillard, lampes torches à la main, explorant d’immenses hangars vides et effrayants… Cela ne vous rappelle rien ? Ne serait-ce que visuellement, X-Files a largement influencé le monde de la fiction policière et de la SF sur le petit écran, comme avec Fringe par exemple, son descendant le plus évident. Quant au duo d’enquêteurs homme-femme, il est depuis devenu un classique de la série policière, comme dans Bones, Castle ou Elementary.

Certains créateurs de séries revendiquent explicitement leur filiation, et ce ne sont pas forcément ceux auxquels on aurait pensé. En décrivant Buffy Contre les Vampires, Joss Whedon évoque par exemple « un croisement entre X-Files et Angela, 15 ans ». Quant à Vince Gilligan, le créateur de Breaking Bad, il se définit lui-même comme « un fan hardcore » de la série de Chris Carter, où il a notamment fait ses classes, en en écrivant pas moins d’une trentaine d’épisodes.

En quoi la série était-elle dans l’air du temps des années 90 ?

X-Files intervient à une époque de scepticisme vis-à-vis des gouvernements et des institutions. Comme le souligne l’hebdomadaire britannique NewStatesman, « dans les années 50 et 60, si les aliens avaient débarqué, vous auriez appelé le FBI. Dans les années 90, c’est le FBI qui faisait débarquer les aliens. » Chris Carter se définit lui-même, dans une interview, comme « un enfant du Watergate », un événement qui lui a fait développer « une sorte de défiance à l’égard du gouvernement ».

Les années 1990 voient aussi l’an 2000 approcher et, comme l’écrivait le Times en 1995, « le millénarisme produit d’étranges impulsions dans une culture. Aux alentours de l’an 1000, les écrivains et les poètes dépeignaient leurs visions de l’apocalypse ». Ce qui s’est entre autre manifesté, dans les années 1990, par une obsession pour les extraterrestres, sur petit comme grand écran avec Mars Attacks (1996), Independance Day (1996) ou encore Men in black (1997).

Est-ce que ça fait vraiment peur ?

Oui. Que celui qui n’a pas fait des cauchemars après l’épisode Tooms me jette la première VHS. Cela dit, tous les épisodes ne nécessitent pas de s’équiper d’une couette sous laquelle se réfugier en cas d’arrivée impromptue de créature terrifiante. Si l’atmosphère est généralement pesante et angoissante, la série n’a pas pour objectif de faire sursauter ses téléspectateurs – du moins pas tout le temps. Et surtout, X-Files manie à merveille la règle selon laquelle un monstre qu’on ne voit pas est bien plus effrayant que celui qui se montre à l’écran. Les amateurs du Projet Blair Witch en conviendront.

Est-ce encore regardable aujourd’hui ?

Certes, la série est un peu « vintage » ; il ne faut pas avoir peur des téléphones mobiles de la taille d’un frigo ni du brushing de Dana Scully. Et si vous optez pour la version française, ne vous formalisez pas si l’héroïne se décide soudain à « appeler Internet ».

Mais plus de vingt ans après le premier épisode, l’histoire tient toujours, et les personnages, aussi complexes que ceux des séries télé actuelles, ont de quoi vous fidéliser pour quelques saisons au moins. Avec le risque de se lasser, comme les téléspectateurs de l’époque, des développements confus et longuets de l’intrigue.

Mais une partie des thématiques évoquées par X-Files, et son scénario tournant autour de la parano et de la conspiration, trouvent encore aujourd’hui des échos dans l’actualité, à l’époque des révélations d’Edward Snowden et alors que les théories du complot pullulent en ligne. « C’est le moment idéal pour le retour de X-Files », estimait en octobre Chris Carter. « Tous les jours je regarde le journal et je vois un potentiel épisode d’X-Files ». La surveillance de masse sera d’ailleurs l’un des sujets abordés par ces six nouveaux épisodes.

Source Article from http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/01/24/le-phenomene-x-files-explique-aux-plus-jeunes_4852603_4408996.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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