Renault est actuellement à la peine sur le créneau des familiales compactes. En fin de vie, la Mégane et ses dérivés (berline, break et Scénic) souffre face à la concurrence récente. De plus, le Losange a laissé filer loin devant son allié Nissan, qui s’est durablement installé sur le marché des crossovers compacts avec le Qashqai. Dès 2008, le Peugeot 3008 suivait le mouvement avec un succès certain. C’est dire si l’absence d’un rival au sein de la gamme Renault était une lacune importante à combler.
Long de 4,45 mètres, le Kadjar compte installer Renault sur le segment des crossovers compacts, en même temps qu’il espère reproduire à une échelle supérieure le succès du Captur. Sans surprise, les ingrédients sont les mêmes : comme son petit frère, le Kadjar mise sur une originalité justement dosée et des aspects pratiques qui ne sont pas sacrifiés sur l’autel du style.
Esthétiquement donc, le Kadjar peut paraître assez sage, à l’image du Captur. Si ce dernier a en effet gagné une image flatteuse de voiture amusante, c’est avant tout parce que Renault a très intelligemment communiqué sur les possibilités de personnalisation de son petit crossover. Résultat : tout le monde a en tête le Captur en version bicolore, avec un orange ou un bleu vif. Il est assez rare de croiser dans la rue des exemplaires d’une simple teinte gris métallisée, qui montre que les lignes de ce modèle sont finalement relativement classiques et la palette de coloris guère plus étendue que chez la concurrence.
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En présentant son dernier-né en Rouge Flamme ou Brun Moka (deux teintes empruntées respectivement aux Clio et Captur), Renault semble renouer avec cette stratégie pour éloigner le Kadjar de la fadeur. Les lignes et volumes sont en effet des plus classiques. Le passage du designer Laurens van den Acker chez Mazda semble avoir eu quelques influences, puisqu’on retrouve même un soupçon de CX-7 dans la vue de trois-quarts arrière. Les faces avant et arrière, très verticales, surprennent à côté de flancs et d’ailes aux rondeurs assez marquées.
Renault Kadjar (Genève 2015). Image © LQA – N. Meunier
A l’intérieur, la différence avec les autres autos de la gamme est assez nette. Les environnement colorés des Clio, Twingo et Captur, n’étaient assurément pas assez haut-de-gamme pour le Kadjar. A contrario, reprendre les lignes fluides de l’Espace sur un modèle inférieur aurait pu menacer l’exclusivité du haut-de-gamme. Le Kadjar dispose donc d’une planche de bord aux lignes enveloppantes, dont la principale caractéristique est la poignée de maintien passager au niveau de la console centrale. Voilà un trait de style typique des SUV, chipé au Peugeot 3008.
Sans atteindre l’excellent niveau de finition de son concurrent sochalien, le Renault Kadjar présente plutôt bien. Les assemblages ne souffrent pas la critique et la coiffe entièrement réalisée en plastique moussée apparaît plutôt flatteuse. Reste que tout n’est pas parfait, comme en témoigne l’entourage des aérateurs, réalisés dans un plastique bas de gamme (on aurait par exemple préféré des inserts en aluminium ou en plastique laqué). Les contre-portes arrière, réalisées d’une unique pièce de plastique dur, sonnent creux et ne semblent pas plus soignées que chez la marque-sœur Dacia. On attendait mieux sur ce point.
Sobre et bien assemblée, la planche de bord du Renault Kadjar n’atteint toutefois pas le niveau de finition des meilleurs du marché, Peugeot 3008 en tête. Image © LQA – N. Meunier
Bien que légèrement surélevée, la position de conduite à bord du Kadjar s’apparente à celle d’une berline. L’impression de largeur est certaine, au point qu’il faut presque tendre le bras vers la droite pour saisir le levier de vitesses. Placé relativement haut, celui-ci tombe toutefois bien sous la main. Tout le contraire de la commande d’activation du régulateur-limiteur de vitesse, placée derrière le frein de parking à commande électrique, alors que les boutons de réglages de la vitesse sont situés sur le volant. Une mauvaise habitude qui a la vie dure chez Renault.
Du fait de sa vocation familiale, le Renault Kadjar ne pouvait faire l’impasse sur les aspects pratiques. L’habitabilité aux places arrière se situe ainsi au meilleur niveau de la catégorie, et même les versions dotées du toit panoramique vitré conservent une garde au sol plus que décente. Le volume de coffre, de 472 litres, est également un atout : c’est 42 litres de plus que sur un Nissan Qashqai. Le double fond compartimentable (dont le plancher est toutefois un peu moins aisé à manipuler que dans un Peugeot 3008) est une astuce qui convaincra les familles.
Une fois rabattue, la banquette ne forme pas un plancher parfaitement plat. Image © LQA – N. Meunier
En ce qui concerne la modularité, le Kadjar fait des efforts notables, sans toutefois pousser l’idée jusqu’au bout. On apprécie les tirettes situées dans le coffre, qui permettent de rabattre la banquette sans effort. Dommage toutefois, cette dernière n’est pas dotée d’appuie-tête virgule, moins imposants : ceux choisis doivent être démontés avant de rabattre la banquette si les sièges avant sont trop reculés. Autre grief : la ceinture de sécurité entrave l’aire de chargement une fois le dossier rabattu. La sangle peut évidemment être repoussée sur le côté, mais elle se retrouve alors coincée entre l’anneau d’arrimage et le dossier, au moment de relever ce dernier.
A première vue donc, le Kadjar se présente comme un crossover sans histoire, qui devrait pouvoir concurrencer sans peine les épouvantails que sont les Peugeot 3008 et Nissan Qashqai. Disponible en deux ou quatre roues motrices, avec trois moteurs (Diesel dCi 110 et dCi 130, essence TCe 130), il devrait pouvoir satisfaire les familles. Reste à jauger ses qualités routières, d’ici quelques semaines.
Source Article from http://www.challenges.fr/automobile/20150304.LQA7138/a-bord-du-renault-kadjar-nos-premieres-impressions.html
Source : Gros plan – Google Actualités