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Primaire à gauche : François Hollande fait la sourde oreille – Le Monde

François Hollande et Manuel Valls à la Maison de la Radio à Paris le 11 janvier 2016.Le caractère automatique et mécanique d’une candidature de Hollande à la présidentielle de 2017 est-il compromis ? Force est de constater que celui-ci a connu sa première contestation sérieuse à gauche, lundi 11 janvier, avec la pétition, publiée par Libération, appelant à la tenue d’une « primaire des gauches et des écologistes ».

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Des déclarations de dirigeants Parti socialiste en faveur d’une compétition pour l’investiture avaient ponctué les deux dernières années. Sans grand effet. Signé par plusieurs personnalités de gauche, dont plusieurs intellectuels emblématiques proches du PS, cet appel est la première manifestation organisée d’une demande de primaire à gauche.

Demande bien vite évacuée, sans surprise, par l’Elysée : « Il est bien qu’une partie de la gauche réfléchisse à l’union et au débat d’idées. Mais nous, nous avons suffisamment de problèmes à régler et d’obstacles à franchir pour nous préoccuper de 2017. »

Le président, pour sa part, s’attendait à une telle initiative. Les dirigeants de l’exécutif, de longue date, avaient même disqualifié l’hypothèse. En substance : comment organiser un débat de primaires entre le chef de l’Etat engagé dans la lutte antiterroriste, pris entre un conseil européen et une visite d’Etat, d’une part, et des candidats écologiste, socialiste dissident et issu de la gauche radicale ? Inimaginable…

Jusqu’ici, nonobstant la situation de faiblesse du président, l’argument institutionnel avait prévalu : contrairement aux habitudes socialistes, pas de contestation virulente de l’hypothèse Hollande, aucune candidature émergente, nul jeune premier aux flatteuses courbes sondagières.

Les voix qui plaidaient pour l’organisation d’une primaire ont été rares. Essentiellement, d’ailleurs, faute de combattants au PS, le premier ministre, Manuel Valls, n’étant pas candidat et l’ancien ministre du redressement productif Arnaud Montebourg semblant, pour l’heure, retiré des affaires politiques.

« Ne pas uniquement faire barrage au FN »

L’absence, parmi les signataires, de personnalités du PS, à l’exception de Barbara Romagnan, députée du Doubs, montre que l’appel de la primaire, Rue de Solférino, n’a pas encore d’impact. Plusieurs dirigeants de la gauche du parti avaient pourtant été sollicités. Christian Paul, le patron des frondeurs, a refusé de se joindre aux signataires. Il approuve cependant la démarche. « C’était très important qu’elle puisse éclore hors des appareils politiques, explique-t-il. Je l’interprète comme un cri de souffrance face à l’état de la démocratie. » Pour Emmanuel Maurel, député européen, membre de l’aile gauche du parti, « c’est une bonne initiative. Il est logique qu’à un moment on fasse le bilan de ce quinquennat et qu’on élabore un programme ». L’ancienne ministre de la culture et compagne d’Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti, jugeait, mardi sur France Inter, le processus de la primaire « nécessaire, inéluctable et salutaire ».

Les socialistes, même à la gauche du parti, demeurent néanmoins partagés sur l’opportunité de se replonger immédiatement dans un tel débat. Les frondeurs considèrent, eux, qu’il faut d’abord se concentrer sur l’urgence du moment : la déchéance de nationalité, à laquelle ils s’opposent fermement. Si les promoteurs de la tribune assurent avoir contacté les aubrystes, ceux-ci n’ont pas donné suite. « Je trouve intéressant de reparler du contenu et d’avoir une vraie réflexion sur le projet, explique le conseiller de Martine Aubry, François Lamy. Mais il ne faut pas croire que la primaire va résoudre tous les problèmes de la gauche. »

Pas de véritable secousse chez les responsables socialistes, donc. Contrairement à celle du PS, la direction d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) s’est réjouie de cette initiative lancée notamment par deux des siens, Daniel Cohn-Bendit et Yannick Jadot. La secrétaire nationale d’EELV, Emannuelle Cosse, y a vu lundi sur France Culture une « très bonne initiative ». Même si elle ne l’a pas signée. « Derrière ce texte-là, il y a aussi une volonté de se dire : en avril 2017, on ne peut pas être contraint de voter pour tel ou tel candidat uniquement pour faire barrage au Front national », a-t-elle estimé.

« Réhabiliter le débat à gauche »

Ce premier plaidoyer pour la primaire n’a, pour l’heure, aucune incidence sur les appareils partisans. Il n’en constitue pas moins une alerte pour l’Elysée au vu de l’inquiétante situation de la gauche, après que les régionales ont révélé son émiettement ainsi que son désarroi.

Donné pour politiquement mort il y a un peu plus d’un an, le président, à la faveur de l’année 2015, avait semblé faire le vide à défaut de l’unanimité. Le fait que la primaire ressurgisse, et que nombre des promoteurs de la pétition soient des compagnons de route historiques de la gauche, montre que ce scénario ne va pas de soi.

C’est à l’occasion d’un dîner, organisé début décembre autour d’une dizaine de convives, dont Daniel Cohn-Bendit, Yannick Jadot, le sociologue Michel Wieviorka, l’économiste Thomas Piketty et l’écrivaine Marie Desplechin, que le principe en a été fixé. Le reste des intellectuels sollicités l’a été après les régionales des 6 et 13 décembre 2015. Les signataires entendaient attendre la fin de ces élections pour ne pas les parasiter.

Selon le député européen EELV Yannick Jadot, le débat sur la déchéance de nationalité a constitué un accélérateur. « Il y a la prise de conscience d’une véritable urgence politique, explique-t-il. Hollande génère beaucoup de confusion et il y a la volonté de plusieurs personnalités de réhabiliter le débat à gauche. »

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Après le tournant social-libéral de janvier 2014, après le glissement sécuritaire du quinquennat, l’épisode de la déchéance de nationalité menace la construction d’une « belle alliance » conçue par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour rassembler la gauche en 2017. Le débat, à ce stade, ne compromet pas encore une candidature de Hollande à la présidentielle. Mais il porte bien en lui, déjà, les germes d’une élimination dès son premier tour.

Source Article from http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/01/12/primaire-a-gauche-francois-hollande-fait-la-sourde-oreille_4845575_823448.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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