Ce jeune prodige est parti à San Francisco pour créer Peter, un avocat virtuel.
A dix-huit ans, il a déjà plusieurs vies, a été repéré par les entrepreneurs et les investisseurs les plus influents de Paris et de la Silicon Valley, maîtrise les technologies phares du moment, blockchain, bitcoins et intelligence artificielle… Et son nouveau projet, Peter, menace tout simplement d’ubériser les avocats ! Louison Dumont a un parcours atypique. Il commence à coder à l’âge de huit ans et multiplie alors les petits boulots sur Internet. « Un oncle osthéopathe voulait créer son site Web, je le lui ai fait pour 200 euros, se souvient-il. Ce n’est pas grand-chose mais pour un gosse, c’est énorme ! » Il enchaîne en développant d’autres sites, comme SugarDoc, une application de réservation de médecins, investit à treize ans dans les bitcoins, multipliant par 200 ou 250 sa mise, mais s’ennuie un peu au lycée. Il y a un an et demi, son bac en poche, il décide de partir pour San Francisco. « J’aurais pu faire une prépa, puis une école d’ingénieurs, de commerce ou d’informatique pendant quelques années… Mais je suis allé en Californie et j’ai vu des gens de Google ou Facebook s’éclater dans leur job sans avoir fait d’études et très bien gagner leur vie. Je n’ai pas trop hésité, surtout que j’avais un peu d’argent de côté. »
Données décentralisées et intelligence artificielle
Dans son sac, une idée : Bitproof. Il s’agit de profiter de la technologie blockchain pour simplifier les démarches juridiques. Comme sur un réseau peer-to-peer, les ressources sont en effet complètement décentralisées, dispersées sur des ordinateurs à travers le monde. Dans ce cas, donc, les contrats, les documents pris en photo par l’utilisateur ne sont pas stockés en un seul endroit, mais dans des milliers. Ce qui les certifie et garantit, au passage, leur sécurité. Mais Louison Dumont fait finalement évoluer son produit. Il garde la technologie, mais crée Peter, un avocat virtuel qui se nourrit d’intelligence artificielle. « J’ai appris les bases de l’intelligence artificielle sur Coursera [la plate-forme de cours en ligne, NDLR]. J’ai suivi un cours de Stanford sur le sujet. Je n’ai pas beaucoup dormi, mais au bout d’une semaine, j’avais suivi un cours d’un trimestre. »
En moins de deux mois, il crée la technologie d’intelligence artificielle de Peter. « L’avantage, dans ce domaine, c’est que la machine apprend en permanence, elle se perfectionne. » Peter fonctionne simplement : les entreprises qui ont besoin de conseils juridiques lui envoient un e-mail. Une réponse automatisée leur parvient dans les minutes qui suivent. « On vérifie tous les e-mails pour ne pas envoyer n’importe quoi, mais neuf fois sur dix, cela fonctionne parfaitement et on n’a rien à changer », assure le jeune entrepreneur. Plusieurs fonds l’ont déjà approché pour le financer, mais Louison Dumont a pour l’instant repoussé les offres. Avec l’argent mis de côté, il est toutefois déjà en train d’embaucher pour structurer Peter…
Aux Etats-Unis, le jeune Français est aussi en train de se constituer un réseau. Il a été accueilli dans Boost, un incubateur de San Mateo spécialisé dans la blockchain et la réalité virtuelle, et créé par Adam Draper, l’un des papes du bitcoin. Il s’est aussi retrouvé en colocation avec l’une de ses idoles, George Hotz, rendu célèbre il y a quelques années car il a été le premier à pirater la PlayStation 3 et l’iPhone. « Je rencontre des gens que je n’aurais jamais croisé à Paris, je ne regrette pas du tout ma décision, affirme le jeune homme. Si on n’a aucune attache particulière en France, et c’est mon cas, il ne faut pas hésiter. »
N. Ra., Les Echos
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Source : Gros plan – Google Actualités