Le journaliste américain James Foley était porté disparu depuis novembre 2012 en Syrie. L’État islamique (EI) a revendiqué mercredi sa décapitation. Une vidéo, intitulée «Un message à l’Amérique» et mise en ligne mardi, montre un homme masqué et habillé de noir en train d’égorger et de décapiter James Foley. Les djihadistes affirment détenir un autre journaliste américain, Steven Sotloff, également présenté à la fin de la vidéo. «La vie de ce citoyen américain, Obama, dépend de ta prochaine décision», menace le djihadiste masqué, qui s’exprime en anglais. Les deux journalistes sont vêtus d’une tenue orange, rappelant celles des prisonniers de Guantanamo. Mercredi, la Maison Blanche a annoncé que cette vidéo était authentique.
La famille de James Foley n’avait eu aucune nouvelle de lui depuis la date de son enlèvement. «Nous n’avons jamais été aussi fiers de notre fils Jim», a réagi la mère de la victime, Diane Foley, dans un message posté sur la page Facebook du comité de soutien. «Il a donné sa vie en essayant de montrer au monde les souffrances du peuple syrien.» «Nous implorons les ravisseurs d’épargner la vie des autres otages. Comme Jim, ils sont innocents. Ils n’ont aucun pouvoir sur la politique du gouvernement américain en Irak, en Syrie ou ailleurs dans le monde», a-t-elle ajouté.
«James était un journaliste courageux, indépendant et impartial»
Emmanuel Hoog, le PDG de l’Agence France Presse
Les deux journalistes détenus par l’État islamique sont vêtus d’une tenue orange, rappelant celles des prisonniers de Guantanamo.
À 40 ans, James Foley était un reporter expérimenté. Journaliste indépendant, il avait notamment couvert le conflit en Libye, où il avait déjà été détenu pendant 45 jours en 2011 par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi. En Syrie, il avait couvert le soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad pour le site d’informations américain GlobalPost, l’Agence France Presse et plusieurs autres médias. «James était un journaliste courageux, indépendant et impartial qui a été enlevé en novembre 2012 alors qu’il couvrait le conflit syrien», a témoigné Emmanuel Hoog, le PDG de l’AFP. «Au nom de John et Diane Foley, et aussi de GlobalPost, nous sommes très touchés par les messages de sympathie et de soutien dont nous sommes inondés depuis que la possible exécution de James a été rendue publique», écrit pour sa part le PDG du site d’informations, Philip Balboni.
James Foley avait partagé une partie de sa captivité avec les journalistes français Didier François et Nicolas Hénin, libérés en avril dernier. «Je n’en avais jamais parlé publiquement (…) puisque les ravisseurs nous avaient menacés avant de partir de représailles sur les otages restants», explique Didier François sur Europe 1. «C’est quelqu’un qui ne s’est jamais totalement soumis aux ravisseurs. Il a été extrêmement collectif durant toute la détention, en demandant notamment de la nourriture pour tout le monde», complète-t-il auprès de l’AFP. D’après Nicolas Hénin, James Foley était l’otage le plus maltraité du groupe. «En fouillant son ordinateur, ils ont découvert que son frère travaillait dans l’US Air Force. À cause de cela et en tant qu’Américain, il a eu droit à un ‘traitement de faveur’. Il est devenu le souffre-douleur des geôliers. Il s’en prenait plein la gueule mais il restait impassible.»
Un bourreau à l’accent britannique
La Maison-Blanche s’est déclarée «horrifiée» par ce meurtre. Les États-Unis, réengagés militairement pour la première fois en Irak depuis leur retrait en décembre 2011, ont mené depuis le 8 août plusieurs dizaines de frappes aériennes contre les djihadistes de l’EI. Ces derniers avaient conquis rapidement une grande partie des territoires sunnites du pays après une offensive lancée début juin. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, s’est de son côté interrogé sur la nationalité du bourreau qui s’exprimait avec un accent anglais. «Nous allons devoir faire davantage de recherches pour être sûr que c’est le cas», a-t-il expliqué sur la BBC.
Cette décapitation rappelle celle d’un autre journaliste américain. Daniel Pearl, 38 ans, correspondant du quotidien américain The Wall Street Journal, avait disparu le 23 janvier 2002 à Karachi, au Pakistan. Une vidéo montrant sa décapitation avait été remise un mois plus tard au consulat des États-Unis.
(Avec agences)
Source Article from http://www.lefigaro.fr/international/2014/08/20/01003-20140820ARTFIG00039-l-etat-islamique-revendique-la-decapitation-d-un-journaliste-americain.php
Source : Gros plan – Google Actualités