Beaucoup auraient aimé éviter le sujet. Et concentrer les débats sur la transition énergétique, l’Europe ou le sommet climat qui se tiendra à Paris en 2015. Mais trois ans avant la prochaine élection présidentielle, la question de la stratégie à suivre a d’une certaine manière pollué les journées d’été des écologistes, et poussé certains à nager en pleine politique-fiction.
En cosignant une tribune dans Libération plaidant pour tenir une «primaire de l’autre gauche», l’ex-candidate à la présidentielle Eva Joly et le porte parole Julien Bayou ont posé avec franchise le sujet sur la table. Classés à l’aile gauche du parti, ces derniers avaient invité plusieurs cadres à en discuter. «Vous avez une stratégie, elle est la plus mauvaise», leur a gentiment balancé le sénateur Jean-Vincent Placé, classé, lui, à droite d’EELV, et qui répète à longueur d’interviews qu’une primaire entre écologistes et socialistes est la meilleure option. «Dire dès aujourd’hui qu’on n’y sera pas dans trois ans revient à annoncer aux Français qu’on n’a rien à leur dire. C’est être piètre négociateur de penser qu’on va peser via médias interposés», réplique Bayou.
«Penser aujourd’hui à 2017, c’est hors timing»
Publiquement, la plupart des élus refusent d’aborder le sujet. A commencer par la secrétaire nationale Emmanuelle Cosse. «La question de la présidentielle se posera après les régionales, en 2016», a-t-elle prévenu jeudi dans une interview à Libération. Comme elle, beaucoup préfèrent cibler les prochaines étapes qui attendent EE-LV. «La priorité, c’est la loi sur la transition énergétique et le sommet Climat», martèle l’eurodéputé Karima Delli. Le contenu de la loi, qui devrait être votée à l’automne, permettra de peser l’influence conservée sur l’allié socialiste. Quant au sommet Climat, qui se tiendra à Paris en 2015, il révélera leur capacité à mobiliser la société autour de l’enjeu climatique. Les régionales, qui devraient sauf surprise se dérouler en décembre 2015, seront une autre étape décisive pour les écologistes, puisque c’est désormais avant tout au sein des collectivités qu’ils ont les moyens de mettre leurs idées en pratique.
«Penser aujourd’hui à 2017, c’est hors timing, met ainsi en garde la députée Eva Sas. On apparaît comme des politiciens». L’eurodéputé Yannick Jadot, lui aussi réticent à plonger dans ce débat-là, regrette que les écolos soient «tombés dans le piège de la Ve république». «Un président de région a beaucoup plus de poids qu’un ministre pour appliquer la transition écologique», avance-t-il. Ce dernier se dit favorable à une «primaire très large, avec les socialistes» mais y pose une condition de taille: «Le seul vrai sujet, c’est comment faire pour que Hollande se sacrifie. Il doit sortir du jeu pour qu’il y ait une primaire très large». Un point de vue pas vraiment partagé par François de Rugy, qui estime au contraire qu’une primaire peut aider le Président à se «relégitimer».
Quant à Cécile Duflot, la chef naturelle des écolos, dont un livre témoignage sur ses deux années passées au gouvernement a beaucoup fait parlé, elle est restée bien silencieuse sur le sujet. Dans une interview au Point, son bras droit Stéphane Sitbon-Gomez s’avance : «Elle pourra être candidate si la situation le justifie.»
Source Article from http://www.liberation.fr/politiques/2014/08/23/les-ecologistes-pieges-par-la-primaire_1085684
Source : Gros plan – Google Actualités