Certes, les cinq premières minutes comptent. Mais la véritable pente glissante s’amorce lors des derniers moments d’un entretien. En fin de conversation, vous vous entendez bégayer quelques remarques des plus insipides sur la météo du jour, puis jouez au Playmobil au moment de dire au revoir, hésitant entre la bise et la poignée de main, avant de déguerpir, pressée d’en finir. Dommage. Vous qui étiez entrée dans la partie en stratège charismatique vous êtes lamentablement vautrée dans les dernières marches de votre ascension. Heureusement, les coachs Aude Roy et Evelyne Platnic-Cohen listent toutes ces choses à éviter à tout prix au moment de conclure pour votre prochain entretien.
S’intéresser à l’autre
« Et vous, comment êtes-vous arrivé dans l’entreprise au fait ? ». En fin d’entretien, on se fend souvent d’une ou deux questions sur le parcours de son interlocuteur, comme on jetterait deux croquettes à un petit chien pour le contenter en fin de course. Erreur. Vous auriez dû vous consacrer à l’autre durant les premières minutes d’entretien pour le flatter dès le départ. « Il est trop tard, tranche Evelyne Platnic-Cohen. Je ferme l’entretien en parlant de moi. »
Baisser sa garde
Vous avez récité votre argumentaire par coeur, votre client a souri trois fois malgré le persil coincé entre ses dents et il a même commandé un deuxième expresso. Bien. Ne vous relâchez pas, ce serait le meilleur moyen de commettre une grossière erreur, comme le tutoiement par exemple. « Il ne faut pas dire « ouf » tant que l’autre n’est pas parti, estime Aude Roy. Auquel cas, on est déjà parti dans sa tête. On sera alors moins attentif à l’autre, notre regard sera moins soutenu, notre sourire moins présent. »
Tenter la blague de la fin
On pense bluffer l’interlocuteur avec une petite boutade pleine de panache en fin de déjeuner. Or, difficile de savoir si vous avez le même humour que Véronique, avec laquelle vous venez de parler techniques de combustion de matériaux lourds pendant une heure. « Il faut terminer sur une note dynamique et enthousiaste. L’humour est une prise de risque, je n’irais pas sur ce chemin », prévient Evelyne Platnic-Cohen.
Se presser
Vous avez tellement bien débattu avec Jean-Mi qu’il est en retard pour sa dixième réunion du jour. D’un coup, il se lève, met son manteau en faisant tomber ses couverts par terre. Votre instinct vous dirait de faire de même en fourrant illico votre mallette de toutes vos affaires, pour ne pas retarder le sacro-saint client. « Surtout pas, prévient Evelyne Platnic-Cohen. Si l’interlocuteur semble pressé, on reste sur son propre rythme. Il ne faut pas donner l’impression d’être pris à défaut, ça retire de la prestance. » Pas désarmé, laissez-le donc faire sa sortie brouillonne tout seul et commandez un deuxième café.
Partir sans balise future
Si vous avez affaire à un poisson dur à hameçonner, ce dernier a sûrement passé son temps à divaguer pour esquiver vos tentatives d’approche. Plus de scrupules dans les dernières minutes : n’hésitez pas à le harponner cash. « Avant l’entretien, on se fixe trois médailles, or, argent et bronze, à décrocher. Si vous souhaitez être embauchée, l’or sera d’obtenir le poste, l’argent d’obtenir un entretien avec le n+1, le bronze, que l’on re-rencontre la personne une nouvelle fois, théorise Evelyne Platnic-Cohen. Il ne faut pas hésiter à poser des questions : « est-ce que mon profil vous intéresse ? », « avez-vous besoin d’un nouveau rendez-vous ? ». On relance pour obtenir ses médailles. On termine avec quelque chose de concret : un autre rendez-vous, une date d’appel téléphonique… sinon l’entretien n’aura servi à rien ».
Ne pas oser prendre congé
Vient alors le moment de prendre congé. Personne n’a vraiment le courage de se lever, de peur de paraître impoli. Plutôt que de marquer votre empreinte plus longtemps dans le fauteuil de votre hôte, soulagez donc tout le monde en prenant l’initiative du départ. « La politesse, c’est aussi de savoir conclure et terminer, assure Aude Roy. Une fois qu’on a fait le bilan et dresser une échéance future, on se retire. Ça aide la personne à se sentir libérée ». Pas besoin de tourner autour du pot. « Le danger, c’est de faire les choses sans savoir où l’on va. Il faut aller droit au but et conclure sur des notes nettes », avertit Evelyne Platnic-Cohen. Après avoir raccompagné votre rendez-vous à l’ascenseur ou sur le trottoir, fendez l’air d’un punchy « merci, j’étais très contente, au revoir ». Tendez la main pour une franche poignée. Et souriez, toujours. »
Se détourner en premier
Vous initiez le départ et orchestrez les au revoir. Parfait. En revanche, ne soyez pas la première à tourner le dos à votre poisson. Fixez-le droit dans les yeux, jusqu’à ce qu’il pivote. « Très souvent, on ne va pas au bout de la relation énergétique, assure Aude Roy. Il faut soutenir le regard et le sourire jusqu’aux dernières secondes. »
S’obstiner
Une fois de retour sur votre territoire, vous pouvez envoyer un mail de remerciement pour fidéliser votre cible. Mais juste de remerciement. Et non un dernier récapitulatif de quinze lignes en dix tirets de votre argumentaire. « Si vous n’avez même pas obtenu votre médaille de bronze, ni balisé l’étape suivante avec un entretien, ne relancez pas l’interlocuteur. Cela vous a filé entre les doigts, c’est terminé, explique Evelyne Platnic-Cohen. La relance, c’est la maladie de ceux qui ne savent pas conclure. »
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Source : Gros plan – Google Actualités