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Le festival de BD d’Angoulême accusé de sexisme après une sélection 100 % masculine – Le Monde

 Trente noms, et beaucoup de « grands » de la bande dessinée mondiale : Frank Miller, Chris Ware, Alan Moore, Milo Manara, Stan Lee, Emmanuel Guibert, Quino, Jirô Taniguchi, Joann Sfar… Trente noms incontestables, mais uniquement d’hommes, aucun de femme.

L’annonce de la liste des auteurs éligibles au Grand Prix du prochain Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (28-31 janvier) a suscité un certain émoi dans le milieu du 9e art, mardi 5 janvier, au point qu’un collectif d’auteures a appelé au boycott du vote, censé désigner les trois finalistes de ce scrutin réservé aux professionnels du secteur sur son blog.

« Nous nous élevons contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes. »

Au moins dix des auteurs sélectionnés ont demandé, par l’intermédiaire de leur éditeur ou sur les réseaux sociaux, que leur nom soit retiré de cette liste :

Riad Sattouf, deux fois lauréat du Fauve d’or du meilleur album (en 2010 pour le tome 3 de Pascal Brutal et en 2015 pour le premier volume de L’Arabe du futur), a expliqué sa « gêne » sur Facebook.

Daniel Clowes. L’auteur américain a refusé que « [son] nom soit pris en considération pour ce qui s’avère être un “prix” vide de sens ».Joann Sfar a soutenu sur Facebook la démarche de Riad Sattouf, considérant qu’une sélection entièrement masculine « enverrait un message désastreux à une profession qui de toutes parts se féminise ».Charles Burns. L’Américain en a fait part à son éditeur français, Cornélius.Pierre Christin.Etienne Davodeau, qui s’est également élevé sur Facebook contre les « clichés » alimentés par cette sélection.Christophe Blain.François Bourgeon.Chris Ware.Milo Manara. L’auteur italien a indiqué au Monde :« Compte tenu de l’importance que les femmes ont eu dans ma vie artistique (et dans ma vie tout court) et du fait que j’ai toujours essayé d’être respectueux de leur rôle de sujet et pas d’objet dans mon travail, je désire retirer mon nom de la liste des candidats au Grand Prix d’Angoulême. »
« Il y a malheureusement peu de femmes dans l’histoire de la bande dessinée »

Une seule femme, la Franco-Iranienne Marjane Satrapi, figurait dans la liste de 26 noms communiquée en amont du festival d’Angoulême l’an dernier. Deux en faisaient partie – Marjane Satrapi déjà, et la Britannique Posy Simmonds – lors de l’édition 2014, qui correspondait alors au nouveau mode de désignation du Grand Prix : un suffrage à partir d’une sélection préétablie, et non plus un système de cooptation par les précédents lauréats. Depuis ce changement de formule, la liste des « nominés » est établie par la direction artistique du festival.

Joint par le Monde mardi soir, son délégué général, Franck Bondoux, s’est défendu de tout sexisme :

« Le concept du Grand Prix est de consacrer un auteur pour l’ensemble de son œuvre. Quand on regarde le palmarès, on constate que les artistes qui le composent témoignent d’une certaine maturité et d’un certain âge. Il y a malheureusement peu de femmes dans l’histoire de la bande dessinée. C’est une réalité. Si vous allez au Louvre, vous trouverez également assez peu d’artistes féminines. »

En quarante-deux ans de festival, une seule femme a réussi à s’incruster dans le palmarès des grands prix : Florence Cestac, désignée par ses pairs en 2000. Claire Bretécher, qui fut longtemps la seule en France à porter le flambeau de la BD féminine, avait, elle, reçu un prix du « dixième anniversaire » en 1983 – le Grand Prix étant cette année-là décerné à Jean-Claude Forest.

Les femmes sont encore très minoritaires dans le métier aujourd’hui. D’après le dernier rapport de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD), qui recense chaque année la production de la BD dans l’espace francophone, les créatrices représentent 12,4 % des professionnels.

« Il faut forcer les choses »

L’argument avancé par le festival « est fallacieux, c’est le serpent qui se mord la queue, dénonce Joanna Schiffer, l’une des chevilles ouvrières du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme. Les femmes sont présentes depuis fort longtemps dans la bande dessinée. Le problème est qu’elles n’arrivent jamais au finish, on ne mise pas sur elles. La bande dessinée n’échappe pas à l’entre-soi qui règne dans les milieux artistiques et culturels, où les hommes s’élisent entre eux. »

« Il faut forcer les choses, comme en politique ou dans les milieux dominés par les hommes. S’il n’y a pas de représentativité, il n’y a pas d’exemple. Et sans modèle, il est impossible de se projeter pour une jeune auteure », estime de son côté Catel Muller, dite « Catel », spécialiste de biographies d’avocates de la cause féminine (Edith Piaf, Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges…) et lauréate, l’an dernier, du « grand prix Angoumixte », une distinction non officielle remise en marge du Festival d’Angoulême.

Ce soupçon de sexisme tombe d’autant plus mal que l’année écoulée a vu « la parution d’excellents albums signés par des femmes », comme le rappelle Chantal Montellier, la présidente de l’association Artemisisa, qui promeut la BD féminine à travers un prix annuel. Citons Le Piano oriental (Casterman), de Zeina Abirached, et California Dreamin’ (Gallimard), de Pénélope Bagieu, que Le Monde.fr a prépubliés cet été, mais aussi Glen Gould, une vie à contretemps (Dargaud), de Sandrine Revel, ou Fatherland (Ici même), de Nina Bunjevac.

Les auteurs sélectionnés pour le Grand Prix d’Angoulême

Brian M. Bendis (Etats-Unis) Christian Binet (France), Christophe Blain (France), François Bourgeon (France), Charles Burns (Etats-Unis), Pierre Christin (France), Daniel Clowes (Etats-Unis), Richard Corben (Etats-Unis), Cosey (Suisse), Etienne Davodeau (France), Nicolas de Crécy (France), Edika (France), Carlos Gimenez (Espagne), Emmanuel Guibert (France), Hermann (Belgique), Alejandro Jodorowsky (Chili), Stan Lee (Etats-Unis), Milo Manara (Italie), Taiyô Matsumoto (Japon), Lorenzo Mattotti (Italie), Frank Miller (Etats-Unis), Alan Moore (Grande-Bretagne), Quino (Argentine), Riad Sattouf (France), Joann Sfar (France), Bill Sienkiewicz (Etats-Unis), Jirô Taniguchi, Naoki Urasawa, Jean Van Hamme (Belgique), Chris Ware (Etats-Unis).

Source Article from http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2016/01/05/le-festival-de-bd-d-angouleme-accuse-de-sexisme-apres-une-selection-100-masculine_4842193_4420272.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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