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Jean-Luc Delarue, la souffrance de ses parents – Paris Match

Sur la banquette en Skaï de la brasserie où nous exhumons des souvenirs, Maryse étale les photos de Jean-Luc. Elle en possède des dizaines de boîtes, dit-elle. Toutes destinées à Jean, son petit-fils. « Je suis dépositaire d’un trésor : la vie de mon fils de sa naissance à 20 ans. » Maryse Rivoire et Jean-Claude Delarue sont des parents meurtris, mais pudiques et dignes. Ils n’hésitent pas à user d’un humour tendre pour tenir en respect la douleur. Divorcés depuis des décennies, leur complicité est intacte lorsqu’ils évoquent leur fils. C’est la première fois que Maryse, femme de caractère et de convictions, s’exprime publiquement sur la procédure en cours. Cette ancienne enseignante et son ex-mari se lancent dans le combat au nom de leur petit-fils, Jean, 9 ans. 

Paris Match. Elisabeth Bost avait demandé l’annulation du mariage entre Jean-Luc et Anissa Khelifi ainsi que de son testament, modifié au profit d’Anissa un mois avant son décès. La justice l’a déboutée, comment avez-vous accueilli cette décision ? Maryse Rivoire. Nous sommes profondément tristes. Nous soutenons Elisabeth pour défendre notre petit-fils au nom des convictions et des valeurs qui étaient celles de Jean-Luc avant qu’il ne soit malade. Lorsque sa vie s’est arrêtée brutalement, tout ce qui reliait Jean à son père a disparu : l’appartement de la rue Bonaparte, dans lequel Jean est né et a vécu cinq ans, la maison de Belle-Ile, où il passait les vacances, les objets d’art que Jean-Luc affectionnait et dont il voulait lui faire partager la passion… Il n’a même pas pu récupérer les jouets de sa chambre… Comment imaginer qu’un papa qui aime son fils à ce point puisse faire cela ? J’ai la conviction intime que Jean-Luc n’aurait jamais voulu cela. Ce n’est pas mon vrai fils qui a fait ça, il était diminué, malade.Jean-Claude Delarue. Personne dans la famille ne peut croire que Jean-Luc ait voulu que son fils, l’amour de sa vie, ne garde aucune trace matérielle de son père ! Ce n’est même pas imaginable ! On veut que Jean sache que ceux qui l’aiment se sont battus pour la vérité. Tant que ces horreurs ne seront pas réglées, je ne pourrai pas faire mon deuil. J’ai besoin de réponses ! Pourquoi n’avons-nous été informés de la mort de notre fils que le vendredi 24 août vers 12 h 15 alors qu’il était décédé officiellement la veille à 10 h 20 ? Pourquoi ai-je dû, pendant des semaines, chercher où mon fils avait été enterré ? Parce que je veux éviter à d’autres familles un tel calvaire, je milite pour que la loi permette aux parents d’un enfant adulte marié d’être informés de son décès ainsi que de l’endroit où il est enterré. Sauf s’il existe une volonté contraire écrite. Pour moi, ce combat continuera. C’est une question de principe et notre devoir de parents.

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Pensez-vous qu’il n’avait pas tout son discernement quand, six mois avant son décès, il a rédigé son testament ? J.-C.D. Mon fils était, au minimum, dans un état de très grande faiblesse. Le jour de son mariage, le 12 mai 2012, il ne pouvait pas me reconnaître à une distance de quelques mètres, tant il était épuisé. Dix jours après, un dimanche, alors qu’il avait été rapatrié en urgence de Belle-Ile, je suis allé le voir à l’hôpital. Je l’ignorais mais c’était la dernière fois. Ensuite, malgré mon désir de le rencontrer, de lui parler, je ne recevais plus que des SMS. Dans un langage administratif qui ne lui correspondait pas. Lorsqu’on sait que des e-mails ont été envoyés depuis sa messagerie après sa mort, on est en droit de s’interroger sur ces SMS… Le vide a été fait autour de lui. Nous avons été écartés.M.R. Au même moment, j’accompagnais mon mari, son beau-père, vers la mort. C’est à Marseille, dans le hall de l’hôpital de la Timone, où il était soigné, que j’ai appris, par une affiche, la mort de mon fils. Sans avoir pu le revoir ni lui parler. Je sais dans quel état moral peut se trouver un être qui, jour après jour, est confronté à l’attente de la mort. Jean-Luc a écrit un testament, c’est un fait incontestable. Mais qui peut dire dans quel état de détresse il se trouvait, alors qu’il était presque totalement isolé de sa famille proche ? Il n’était plus lui-même. Quand on voit sa vie défiler… on peut faire n’importe quoi.

« Tu vas dans le mur, arrête la télé, tu es trop fatigué »

A partir de quel moment avez-vous senti que tout lui échappait ? M.R. A partir de sa séparation d’avec Elisabeth. Les cinq dernières années, quand il a sombré dans la drogue – à mon avis d’épuisement –, je lui répétais : “Tu vas dans le mur, arrête la télé, tu es trop fatigué.” Il m’envoyait balader. Alors, j’ai pris mes distances mais j’ai respecté. C’était sa vie. 

Ne pensez-vous pas que, d’une certaine manière, il vous a rejetée aussi pour vous protéger ? M.R. Oui, sans doute… Il craignait mon regard, il craignait aussi, probablement, de me décevoir. Je n’ai pas été tendre. Il riait : “Maman, tu es éducachiante.” Mais réalisez-vous que je ne me suis rendu compte de rien ? Je voyais qu’il allait très mal, mais je n’ai compris qu’à la fin à quel point il se droguait ! On voyait qu’il délirait. C’était de plus en plus fou, de plus en plus haut, de plus en plus rapide, épuisant. Et je savais qu’il buvait. Mais il était impossible d’avoir un dialogue autour de ça.

Après sa garde à vue, en 2010, il se sèvre et parcourt la France en camping-car pour raconter l’enfer de l’addiction. Avez-vous alors le sentiment que votre fils vous est rendu ? M.R. Oui, je l’ai retrouvé. Un chevalier qui part en croisade. Assoiffé de contacts authentiques, de justes causes, désireux de corriger ses erreurs et acharné à remplir un objectif pédagogique, une passion que nous avons toujours partagée. Il poursuivait le même but que dans ses émissions mais, cette fois, c’était lui le témoin, sans argent ni paillettes. 

« C’est le dernier souvenir que j’ai de lui »

Finalement, contrairement à ce qui a souvent été prétendu, la rupture entre vous n’a jamais été totale… M.R. C’était comme une rupture amoureuse. Pour moi, tragique, mais malgré tout on se téléphonait beaucoup. Quand on voit son fils se fragiliser à ce point, c’est très dur. Je me sentais impuissante. Il m’écrivait des lettres de dix-sept pages et je lui répondais aussi longuement. Il nous rejetait seulement en apparence. Comme cette fois où, après m’avoir abreuvée d’insanités au téléphone, je lui ai raccroché au nez. Il était à l’Hôpital américain. Tout de suite il m’a rappelée : “Maman, je suis désolé, ne crois pas que je t’ai raccroché au nez, le réseau est mauvais.” C’est le dernier souvenir que j’ai de lui. Oui, mon fils était colérique, jusqu’au-boutiste, complexe, mais il nous était aussi très attaché. Les six derniers mois, tout était opaque, il était isolé. Jusque-là nous avions encore des conversations formidables. La cassure ne venait pas de lui. J.-C.D. Même si c’est d’abord ce que j’ai cru, ce n’est pas lui qui m’a mis de côté. Quand je lui téléphonais, il ne me répondait pas ou seulement par SMS. Je sais qu’il a douté de moi. Je reconnais avoir gardé le silence pendant un mois pour le faire réagir… mais qu’il ait pu penser que je l’avais abandonné est ce qui me révolte et me meurtrit le plus. 

Comment Jean évoque-t-il la mort de son père ? M.R. C’est un enfant fragilisé mais très entouré, et qui va bien. Les premiers temps, il ne pouvait même pas prononcer le mot. Il me disait : “Tu sais, Grand-Mi, mon papa il est M.O.R.T.”, il épelait les lettres. Maintenant, il faut tourner la page, ne plus travailler le passé, se tourner vers l’avenir et faire face.

Découvrez l’intégralité de notre entretien dans Paris Match n°3488 en kiosque dès jeudi.

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Source Article from http://www.parismatch.com/People/Television/Jean-Luc-Delarue-la-souffrance-de-ses-parents-934985
Source : Gros plan – Google Actualités

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