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Harcèlement du nouvel an: l’émoi allemand – Libération

L’Allemagne est choquée par une forme inédite de harcèlement visant des femmes. Près de 150 agressions sexuelles, commises par des jeunes d’apparence maghrébine dans la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, Hambourg et Stuttgart, provoquent une forte émotion dans le pays. Le gouvernement condamne les agressions. Tout en s’inquiétant du risque de stigmatisation des réfugiés.

Que s’est-il passé en cette nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne ?

Les témoignages sont concordants. A sa descente du train régional, à la gare centrale de Cologne, Anna, 27 ans, prend peur : «La place était pleine, presque que des hommes, quelques femmes terrorisées, que tous dévisageaient. J’avais l’impression d’être au marché aux bestiaux ! Presque aussitôt, j’ai senti une première main se glisser dans mon jean. Je me suis accrochée à mon ami, et nous avons pris la fuite…» «Je n’ai jamais vu autant de femmes pleurer», décrit pour sa part Steffi, travailleuse sociale de 31 ans. Arrivée elle aussi peu après minuit des environs de Cologne en train, elle est frappée par «la forte concentration d’hommes jeunes, d’apparence maghrébine, pour beaucoup ivres» qui se trouvent dans la gare. «Salope», «sale pute»… rapidement les insultes pleuvent. Dans un coin, une très jeune fille blonde pleure, le collant déchiré, la jupe de travers. Une femme de 60 ans raconte «avoir paniqué» lorsqu’elle s’est retrouvée «encerclée par de très jeunes hommes d’allure moyen-orientale», cherchant à lui toucher les seins ou à lui mettre la main dans le pantalon. Sous le coup de la peur, elle n’a pas remarqué la disparition de son porte-monnaie.

A Hambourg, un étudiant de 25 ans, Krill, assiste à trois scènes similaires en quelques minutes. «J’ai eu l’impression que ces hommes s’étaient donné le mot, qu’ils avaient décidé de se lâcher…» Plus de 100 femmes ont porté plainte depuis, pour vol et agression sexuelle, une pour viol. Toutes ont raconté avoir été encerclées par des groupes d’une dizaine à une vingtaine de jeunes hommes aux environs de la gare de Cologne. Les agresseurs, âgés de 15 à 35 ans et d’apparence maghrébine selon les victimes, se sont livrés à des attouchements, avant de voler portable ou sac à main. Des scènes similaires se sont également produites à Hambourg (une douzaine de plaintes) et Stuttgart.

«Nous avons affaire à une forme de criminalité organisée d’un type inédit», dénonce Wolfgang Albers, le patron de la police de Cologne, choqué du caractère systématique et du nombre important des agressions. On sait, à ce stade de l’enquête, qu’un millier de jeunes, pour la plupart ivres, se sont mis à jeter des pétards et des feux d’artifice dans la foule depuis le sommet des marches du parvis de la cathédrale peu après minuit, provoquant une première intervention des forces de l’ordre. «Les hommes se sont alors dispersés dans le noir en petits groupes», explique le porte-parole des forces de l’ordre.

C’est à partir de ce moment, entre minuit et 4 heures du matin, que se seraient produites la plupart des agressions. «On ne peut pas parler de 1 000 agresseurs, tente de rassurer la police de Cologne. Mais il est certain que les agresseurs se trouvaient parmi ce groupe d’un millier de jeunes hommes d’allure étrangère.» La police ne croit pas que les agressions de la Saint-Sylvestre soient le fait de demandeurs d’asile mais plutôt d’une ou plusieurs bandes de petits criminels maghrébins installés de longue date en Allemagne et pour certains déjà connus des forces de l’ordre. Le fait que certains aient parlé allemand confirmerait cette hypothèse.

Pourquoi l’affaire n’a-t-elle éclaté au grand jour que mardi ?

Au petit matin du 1er janvier, la police de Cologne, visiblement dépassée, dressait un bilan «positif» de la nuit de la Saint-Sylvestre : «Comme l’an passé, les festivités sur les ponts du Rhin, dans le centre de Cologne et de Leverkusen se sont déroulées de façon pacifique», annonce le communiqué officiel des forces de l’ordre. Plus tard dans l’après-midi, la police dresse un premier bilan de 30 plaintes de jeunes femmes agressées. Lundi, on passe à 60 plaintes. Le communiqué officiel parle cette fois de «violences d’une dimension inédite». Mardi, les cercles du pouvoir à Berlin prennent la mesure du scandale. Depuis, autorités fédérales et régionales se renvoient la balle. Le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, accuse la police de Cologne de «négligences». «J’attends des explications urgentes : ces agressions étaient-elles organisées ? S’agissait-il de Nord-Africains ? Et comment la police a-t-elle pu prétendre le lendemain que la nuit avait été paisible ?» Rainer Wendt, président de DPolG, un syndicat de la police, s’en prend lui au gouvernement : «Où se trouvaient les renforts de la police fédérale qui étaient prévus à Cologne le soir de la Saint-Sylvestre ? Dépêchés en Bavière, pour surveiller les frontières !» A Cologne comme à Hambourg, les forces de l’ordre ont visiblement été débordées par l’afflux de fêtards. Les jeunes femmes agressées rapportent toutes ne pas avoir noté de présence policière particulière à proximité. Une policière en civil ce soir-là figure même parmi les victimes.

Comment réagissent les autorités ?

Cette vague d’agressions provoque une vive émotion en Allemagne. Gouvernement et opposition condamnent les agressions. Tout en s’inquiétant du risque de stigmatisation des réfugiés. Depuis des mois, le débat politique se crispe en Allemagne autour de la question des migrants, à la veille de cinq scrutins régionaux en mars et en septembre. Le succès de mouvements tels que Pegida, ou la progression du petit parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AFD) expliquent la grande prudence de la classe politique sur la question des réfugiés. «Ces succès montrent qu’une partie importante de l’opinion se distancie des valeurs de la Constitution», souligne le politologue Timo Lochocki. Mardi, la chancelière, Angela Merkel, se disait «outrée par ces agressions abjectes et ces attaques à caractère sexuel», exigeant «une réponse sans faille de l’Etat de droit». «Nous devons tout mettre en œuvre pour retrouver les coupables sans délai, et les punir sans considérer leur apparence, leurs origines ou leur histoire personnelle», a précisé son porte-parole Steffen Seibert. Comme lui, la plupart des commentateurs, sans les citer, tentent de dissocier les agressions de la vague de demandeurs d’asile entrés en Allemagne depuis la fin du mois d’août. «On ne peut pas prétendre que ce genre d’agressions soit typique des Arabes ou des réfugiés, estime la verte Claudia Roth, vice-présidente du Bundestag. Il s’agit de violence masculine, et d’une tentative d’exploiter la Saint-Sylvestre comme si c’était une période de non-droit.» «Le fait que des personnes d’origine étrangère soient associées à ces faits ne doit pas conduire à ce que les réfugiés soient systématiquement soupçonnés», insiste le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière.

L’affaire sert-elle l’extrême droite ?

Le mouvement anti-islam Pegida et le petit parti AFD se sont déjà engouffrés dans la brèche. «Il est maintenant évident que la politique d’Angela Merkel a provoqué une crise dramatique, estime le président de l’AFD pour le Bade-Wurtemberg, Jörg Meuthen, à deux mois des élections régionales à Stuttgart. Les excès de violence de la Saint-Sylvestre sont les premiers effets d’un mélange explosif d’immigration incontrôlée, de défaillance de l’Etat de droit et de déni du politique.» La présidente de l’AFD, Frauke Petry, dénonce «des agressions rappelant la situation d’absence de droit qui régnait en Allemagne à la fin de la guerre». Jusqu’à un million de femmes avaient alors été victimes de viols, commis par des Soviétiques dans l’est du pays. «Si des demandeurs d’asile ou des réfugiés se livrent à de telles agressions, il s’agit d’une éclatante trahison des valeurs de l’hospitalité et cela doit conduire à la fin immédiate de leur séjour en Allemagne», estime pour sa part Andreas Scheuer, secrétaire général de la CSU, la branche bavaroise et conservatrice du parti d’Angela Merkel. La CSU réclame la limitation à 200 000 par an des nouvelles arrivées. En 2015, l’Allemagne a accueilli 1,1 million de demandeurs d’asile.

Nathalie Versieux Correspondante à Berlin

Source Article from http://www.liberation.fr/planete/2016/01/06/harcelement-du-nouvel-an-l-emoi-allemand_1424745
Source : Gros plan – Google Actualités

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