« L’Iran, une menace existentielle pour Israël »; les pourparlers pourraient se poursuivre après le 7 juillet
Hillary Rodham Clinton, la candidate démocrate pour la présidence américaine en 2016, a tenté de convaincre les donateurs juifs au cours de conversations privées qu’elle sera une meilleure amie d’Israël que l’actuel président Barack Obama, rapportait vendredi le site américain Politico.
Un des donateurs présent à la réunion de levée de fonds à Manhattan au cours de la semaine, a confié que Clinton a défendu Obama contre les accusations selon lesquelles il aurait porté atteinte aux relations israélo-américaines, affirmant que les critiques émanent d’un problème de « perception », mais elle a néanmoins suggéré qu’en tant que présidente, elle sera à même de rapprocher les deux nations.
« La diplomatie est surtout une question de liens personnels et j’ai mes propres relations », aurait dit Clinton qui faisait référence aux relations du président Obama avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou et l’ancien ambassadeur d’Israël à Washington Michael Oren.
Au cours d’une réunion de levée de fonds de campagne à Long Island dans l’Etat de New York, un des donateurs, Jay Jacobs, a déclaré que Mme Clinton a souligné sans équivoque son soutien total à Israël et à la défense de l’Etat hébreu. Et l’auditoire a semblé être très à l’aise avec cette réponse ».
Le journal Politico rapporte cependant que lorsqu’elle a été interrogée sur le dossier nucléaire iranien, la candidate démocrate a fourni des réponses évasives qui ont donné lieu à des interprétations diverses quant à sa position sur ce sujet.
Un des donateurs partisans d’un accord avec l’Iran, a cité Hillary Clinton, affirmant qu’elle était « une fervente partisane des négociations », alors qu’une autre personne présente a affirmé qu’elle avait mis en évidence son rôle dans le démarrage des pourparlers lorsqu’elle était à la tête dyu Département d’Etat.
Selon un des donateurs, le milliardaire Marc Lasry, la candidate, évoquant un possible accord avec l’Iran, aurait affirmé: « je ferai au mieux dans l’intérêt des Etats-Unis ».
Elle a cependant ajouté que malgré l’accord prévu avec l’Iran, Téhéran constitue encore une menace existentielle pour Israël,
Elle a notamment accusé la République islamique de soutenir le terrorisme, affirmant que l’Iran se sert du Hezbollah pour semer la discorde et créer des insurrections afin de déstabiliser les gouvernements de la région.
Pourparlers avec Téhéran au-delà de la date butoir ?
Un haut responsable américain a affirmé que les pourparlers avec l’Iran pourraient se poursuivre au-delà du 7 juillet, la nouvelle date butoir fixée pour parvenir à un accord final sur le nucléaire iranien, rapporte l’agence Reuters vendredi soir.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré vendredi que l’Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 n’avaient jamais été « aussi proches » d’un accord durable sur le dossier du nucléaire.
« Malgré certaines différences, nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord durable », a déclaré M. Zarif tout en ajoutant, dans un message vidéo diffusé sur Youtube: « néanmoins un accord n’est pas certain ».
Zarif a également déclaré que son pays était prêt à coopérer pour lutter contre les « défis communs », notamment « l’extrémisme », dans un message vidéo diffusé sur Youtube.
« Nous sommes prêts à ouvrir de nouveaux horizons pour affronter les défis importants et communs. Aujourd’hui, la menace commune est le développement rapide de l’extrémisme violent et de la barbarie sans limite », a déclaré M. Zarif.
De son côté, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a assuré vendredi que toutes les parties faisaient un « authentique effort » pour tenter de parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, soulignant que « beaucoup de travail » restait à faire.
« Nous avons des questions difficiles, mais il y a un authentique effort de tous pour être sérieux (…) Les deux parties travaillent très dur, dans la bonne volonté, pour faire des progrès et nous faisons des progrès », a dit M. Kerry avant une réunion Zarif.
Il a ajouté que toutes les parties comprenaient les « contraintes du calendrier », en faisant référendce à l’échéance du 7 juillet nouvellement fixée pour parvenir à un accord. « Nous continuons à travailler. Ce soir, demain, dimanche. Très certainement, nous voulons, tous deux, essayer de voir si nous pouvons parvenir à une conclusion », a-t-il ajouté.
Selon une nouvelle loi, si le Congrès américain reçoit le texte de l’accord avant le 9 juillet, il aura 30 jours pour se prononcer, mais si on dépasse cette date, la période d’examen passera à 60 jours. Ce qui retardera d’autant la mise en application de l’accord et pourra créer des complications supplémentaires.
« Nous travaillons durement pour aller de l’avant et nous avons fait des progrès. Il existe encore des questions difficiles à résoudre », a déclaré de son côté M. Zarif.
« Un accord plein de failles »
Plus tôt, un haut responsable israélien a confié vendredi matin à i24news que Jérusalem était très préoccupé par les information qu’il recevait sur l’issue des pourparlers à Vienne.
« L’accord semble mauvais et plein de failles. Les puissances occidentales, les Américains en particulier, sont tellement désireuses de parvenir à un accord qu’elles ont capitulé face aux demandes iraniennes », a-t-il déclaré.
Selon lui, L’Occident a adoucie ses positions concernant tous les points de désaccord, ce qui signifie clairement qu’il n’y aura aucun gel du programme nucléaire iranien.
Le négociateur en chef russe, Sergueï Riabkov, a déclaré jeudi soir qu’un accord sur le nucléaire iranien était attendu « dans les jours qui viennent » dans ce dossier qui empoisonne les relations internationales depuis douze ans.
« Je ne peux pas prédire combien d’heures il faudra pour résoudre cette affaire. Mais chaque partie est d’avis que le dossier sera résolu dans les jours qui viennent, sans recourir à de nouveaux délais ou à des alternatives dangereuses », a déclaré M. Riabkov, selon l’agence de presse russe TASS.
Le document sur lequel travaillent l’Iran et les puissances du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) pour atteindre un accord est « prêt à 91% », a encore assuré le vice-ministre russe des Affaires étrangères.
Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, avait estimé qu’il existait une « forte possibilité d’accord ». A condition toutefois que toutes les parties consentent à « faire des efforts dans le bon sens », ce qui suggère de douloureux arbitrages politiques de part et d’autre.
Motif d’optimisme: la visite à Téhéran jeudi de Yukiya Amano, le patron de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA), l’autorité nucléaire des Nations-Unies, qui serait appelée jouer un rôle majeur en cas d’accord, a été qualifiée d' »utile et positive » par les autorités iraniennes.
Le ballet diplomatique devait se ralentir d’ici à la fin du weekend dans la capitale autrichienne, les deux principaux protagonistes – l’Américain John Kerry et l’Iranien Mohammad Javad Zarif – y poursuivant toutefois leurs entretiens.
Jeudi, les ténors chinois, français, allemand et britannique ainsi que la Haute représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini se sont succédé au palais Coburg.
Avant de partir pour Paris, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a précisé qu’il entendait retourner dans la capitale autrichienne dimanche soir, dans l’espoir d’arriver à « une solution définitive ». Mme Mogherini devait également y être de retour à la fin du weekend.
« Il y a des choses qui ont avancé mais nous ne sommes pas encore au bout de la négociation », a souligné M. Fabius.
Pas de percée
Les négociateurs se sont donné jusqu’au 7 juillet pour parvenir à un accord visant à s’assurer que le programme iranien ne puisse avoir de dimension militaire, en échange d’une levée des sanctions internationales qui frappent l’Iran.
Cette date n’est cependant pas gravée dans le marbre. La conclusion des négociations, accord ou pas, peut intervenir avant ou après le 7, soulignent les protagonistes.
« Nous n’y sommes pas encore », a relevé le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, se demandant si chaque partie aurait suffisamment de « courage et de « volonté » pour arracher un compromis.
« Je me dois d’espérer », a pour sa part confié aux journalistes un Mohammad Javad Zarif souriant mais circonspect.
Car, comme l’a relevé le Britannique Philip Hammond, les négociateurs ne sont « pas encore arrivés » au point de faire « une percée » au sixième jour de la reprise officielle des négociations finales, et au terme de 20 mois de pourparlers soutenus.
Depuis samedi, les ministres des Affaires étrangères des pays du P5+1 et de l’Iran font des allers-retours dans la capitale autrichienne, à l’exception de l’Américain John Kerry qui est sur place en continu.
Poursuite de la coopération
Les discussions achoppent notamment sur la possibilité d’accès renforcé de l’AIEA à des sites suspects iraniens, notamment militaires – la « ligne rouge » à ne pas franchir pour le Guide Ali Khamenei – et la question de la possible dimension militaire passée du programme nucléaire iranien.
Sur ce point, la visite de M. Amano à Téhéran a abouti à « une entente générale sur le calendrier et la poursuite de la coopération pour accélérer le règlement des questions passées », s’est félicité l’ambassadeur d’Iran auprès de l’Agence, cité par l’agence de presse Irna.
Le président Hassan Rohani a lui-même estimé que, « concernant certaines questions qui restent ambigües, elles pourront être résolues dans un court laps de temps s’il y a la volonté nécessaire des deux côtés et si des questions non-techniques ne sont pas incluses ».
L’AIEA soupçonne Téhéran d’avoir réalisé des recherches au moins jusqu’en 2003 pour se doter de la bombe atomique et cherche à avoir accès aux scientifiques impliqués, ainsi qu’aux documents et sites qui pourraient avoir abrité ces recherches.
Un accord constituerait un succès majeur pour le gouvernement du président américain Barack Obama comme pour son homologue iranien Hassan Rohani.
Il marquerait aussi un renforcement de la position de la République islamique chiite sur les scènes régionale et internationale, une perspective qui inquiète les régimes sunnites de la région et Israël.
Le président russe Vladimir Poutine doit rencontrer M. Rohani à Oufa, en Russie, lors du sommet annuel de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), prévu du 9 au 10 juillet.
La correspondante diplomatique d’i24news, Tal Shalev, a contribué à cet article (twitter: @talshalev1)
(i24news avec AFP)
Source Article from http://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/77030-150703-nucleaire-pour-israel-l-accord-qui-se-dessine-a-vienne-est-plein-de-failles
Source : Gros plan – Google Actualités