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Faillibles souverains – La Tribune.fr

À l’invitation de l’institut économique allemand ZEW, il était venu débattre de l’art et la manière de mettre un État en faillite. Par faillite, il faut entendre l’annulation de tout ou partie de sa dette, autrement dit l’appauvrissement, à due concurrence, des créanciers dudit État. Depuis le déclenchement de la crise de l’euro en 2010, un seul pays a eu le privilège de passer par la case du défaut partiel : la Grèce.

Permettre de revenir sur les marchés

Cela s’est passé dans la douleur à défaut de procédure préétablie. Une restructuration a toujours pour but de réduire le stock de dettes, de façon à rétablir la solvabilité, rendre crédible le remboursement des dettes restantes… et futures. En un mot, lui permettre de revenir sur les marchés. En Grèce, elle a porté le nom de « PSI », pour Private Sector Involvement.

Les banques européennes et autres fonds ont dû renoncer à 75% de leurs créances (53,5% de la valeur faciale). Une perte sèche de 155 milliards d’euros, la plus grosse restructuration de dette jamais réalisée, plus encore que celles pilotées par le FMI en Amérique du Sud ou en Asie.

« Serial defaulter »

Le défaut est un peu comme le paludisme, ponctué de crises plus ou moins espacées. C’est une maladie dont on ne guérit pas, à la fois parce que la confiance s’érode et parce que les mauvaises habitudes qui ont mené au défaut sont difficiles à perdre. Dans le cas de la Grèce, pays « serial defaulter » par excellence, tout le monde s’attend à devoir remettre le couvert. Les créanciers privés tondus, les publics sont les prochains sur la liste. Le premier d’entre eux n’est autre que le MES, qui porte dans son bilan 99 milliards d’euros de papier grec.

Et pourtant, le MES n’a jamais eu autant la cote sur les marchés. Son directeur financier, Christian Franken, annonçait le mois dernier que le fonds avait, pour la deuxième fois consécutive, placé ses titres à un taux d’intérêt de… 1,42%, autant dire, sans risque. C’est que l’Europe tout entière souffre d’une sous-évaluation du risque souverain. Au point que la BCE encourage les banques à abandonner le dogme du « risque zéro » attaché à leurs obligations d’État.

La banque flamande KBC a été la première à s’engager sur cette voie. Il y en aura d’autres, même si la réglementation bancaire considère toujours les titres souverains comme non risqués. Il faut dire que la-dite réglementation est adoptée par le Parlement européen et par les ministres des Finances… qui eux-mêmes ont des déficits à financer.

L’initiative Kruger

En 2002, après l’effondrement de l’Argentine, la chef économiste du FMI, Anne Krueger, avait proposé de créer une procédure d’insolvabilité des États.

Elle pensait que cela renforcerait la discipline de marché. Tant que le défaut restait impossible, les investisseurs pouvaient partir du principe que leurs créances sur un pays étaient garanties (en dernier ressort par le FMI lui-même). Leurs décisions seraient biaisées et, au lieu d’envoyer un signal d’alerte en temps réel, ils risquaient d’attendre le constat de la faillite pour couper la liquidité et accélérer la faillite.

Exactement comme cela s’est passé en Grèce en 2010. Il fallait donc clarifier les conditions d’une restructuration. L’initiative Kruger est restée sans suite.

Le débat auquel se prête Klaus Regling est salutaire. Lever le tabou d’un défaut souverain ne veut pas dire que l’on souhaite qu’il advienne. C’est aider le marché à sortir du déni, quitte à ce que le financement des déficits coûte un peu plus cher. Encore un dossier pour Jean-Claude Juncker quand il reprendra la présidence de la Commission européenne, en novembre.

Source Article from http://www.latribune.fr/blogs/vu-de-bruxelles/20140901trib7fa1e25e5/faillibles-souverains.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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