Le climat entre le Premier ministre et son ministre de l’Economie s’est détérioré depuis le remaniement du gouvernement. Ce remaniement, qui n’a été porté par aucune autre stratégie politique que de faciliter les petites manœuvres du président de la République, a surtout fait deux victimes :
La première, c’est Manuel Valls qui a perdu tous les arbitrages et quelques-uns de ses soutiens au sein du gouvernement. Il se retrouve à diriger une équipe qui a encore moins de cohérence stratégique que la précédente.
La deuxième victime, c’est Emmanuel Macron, qui a plutôt perdu en pouvoir dans ce remaniement puisque la loi qui va réformer le droit du travail lui a été complètement retirée et qu’il se retrouve avec la seule liberté de parler.
Curieusement, ces deux victimes sont les deux ministres les plus populaires du gouvernement, avec des ambitions qu’ils ne cachent plus.
La semaine passée a donc, semble-t-il, convaincu Emmanuel Macron de faire cavalier seul sur la base d’une analyse politique un peu audacieuse mais plausible et avec un programme qu’il a commencé à dévoiler dans des cercles restreints du monde des affaires et des syndicats.
Le diagnostic que fait Macron, et que rapportent ses amis proches, est très simple. Comme à Sciences-Po, il tient en trois points.
1) Emmanuel Macron, comme la majorité de ceux qui gravitent dans les cercles du pouvoir, font le constat que c’est désormais la guerre entre François Hollande et Manuel Valls. La loi sur les conditions de travail a été dans sa présentation durcie par Matignon ; or chacun sait que ce projet de loi va mettre le feu à la majorité socialiste ou ce qu’il en reste. Manuel Valls ne pouvait pas ignorer que certains détails hallucinants de ce projet allaient être explosifs. Il le savait, mais il les a laissés passer. Ça n’est pas par hasard !
2) Il est probable que la loi portée par Myriam El Khomri sera démontée au Parlement. Si le gouvernement essayait de la passer en force par le 49-3 de la Constitution, il n’est pas du tout sûr d’obtenir la majorité. Dans les deux cas, Manuel Valls peut démissionner et passer pour celui qui sera tombé sous les coups du conservatisme de gauche. La jurisprudence Mendès-France n’est pas loin. Dans ce cas-là, François Hollande peut difficilement réunir la grande famille de gauche dont il a besoin pour se représenter. Donc François Hollande peut être amené à abandonner la partie.
3) Les amis de Macron pensent qu’il y aura donc une primaire à gauche pour sélectionner le candidat à la présidentielle. Emmanuel Macron peut donc jouer sa carte personnelle. Si cette primaire à gauche est ouverte à toute la gauche, Macron peut s’y présenter. Si la primaire n’est pas ouverte, rien ne l’empêche de tenter sa chance directement au premier tour de la présidentielle.
Source Article from http://www.atlantico.fr/decryptage/macron-prepare-programme-pour-entrer-dans-jeu-presidentiel-jean-marc-sylvestre-2598045.html
Source : Gros plan – Google Actualités