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Ebola : et si la France était touchée ? – Le Nouvel Observateur

Le ministère de la santé l’a dit et répété : il n’y a pas de cas d’infection au virus Ebola en France, pour l’instant. Une affirmation qui n’empêche pas les hôpitaux de se préparer à l’arrivée de cas suspects, selon une procédure bien précise, définie au niveau national.

Une première fausse alerte a été donnée à l’aéroport de Toulouse puis une seconde, à Marseille début août. A la suite d’un séjour en Guinée-Conakry, l’un des pays les plus atteints par le virus Ebola, une patiente de 43 ans a été hospitalisée à l’hôpital Sainte-Muse de Toulon. Elle a ensuite été transférée à Marseille, au service des maladies infectieuses et tropicales de l’AP-HM. « C’est le seul établissement de la région à pouvoir isoler des patients fortement contagieux », selon l’Agence Régionale de Santé (ARS) PACA. 

A l’isolement dans l’un des 9 centres prévus

Comme Marseille, neuf établissements de référence disposent des capacités opérationnelles pour la prise en charge d’éventuels patients infectés par le virus Ebola : Lille, Rennes, Bordeaux, Marseille, Lyon, Strasbourg, Saint-Mandé (Val-de-Marne) ainsi que deux centres à Paris, Bichat et Necker. En cas de soupçon d’infection, les patients à risque sont orientés vers l’un de ces établissements.

Un agrégat de symptômes permet de détecter les cas suspects. Si le patient revient d’un voyage en zone à risque – les pays de l’Afrique de l’Ouest comme la Guinée, le Liberia ou le Sierra Leone – dans un délai de 21 jours (la période d’incubation) et s’il se présente avec une température supérieure à 38,5°C, il est alors susceptible d’avoir été contaminé.

Une fois les premiers diagnostics confirmés, l’infirmier d’accueil (aux urgences) oriente alors le patient vers le service des maladies infectieuses (SMI) du centre de référence, généralement situé dans un bâtiment extérieur à l’hôpital pour éviter tout risque de contamination. Le patient reçoit un masque, des gants de protection et il est isolé dans une chambre individuelle équipée d’un système de sas et de pression négative : l’air est filtré et non rejeté directement dans les couloirs. « L’hôpital de Toulon aurait pu prendre en charge la patiente de 43 ans, mais il n’aurait pas pu l’isoler, c’est pourquoi les équipes se sont naturellement tournées vers l’AP-HM », explique Jean-Michel Budet, directeur général adjoint de l’hôpital Nord de Marseille (AP-HM).

Combinaison, gants et masque de protection

Les personnes qui ont pu être exposées au virus sont répertoriées, même s’il est « difficile de compter avec précision le nombre de personnes susceptibles d’avoir été en contact », explique Jean-Michel Budet.

Les passagers de l’avion dans lequel le patient a voyagé peuvent plus facilement être contactées pour une éventuelle exposition alors qu’il est plus difficile de les répertorier sur tout un territoire. On ne peut pas retracer tout le chemin parcouru par le patient et repérer toutes les personnes avec lesquelles il a été en relation, que ce soit dans un bus ou dans un magasin par exemple », remarque Jean-Michel Budet.

Une fois le patient hospitalisé, le contact avec les équipes médicales est limité. Avant d’entrer dans la chambre, le personnel soignant revêt une tenue de protection spécifique imperméable : combinaison, surblouse, double paire de gants, masque de haute protection respiratoire. Le virus Ebola se transmet par contact avec le patient ou avec ses liquides biologiques, comme le sang, les urines et les sécrétions respiratoires et digestives (en cas de diarrhée ou de vomissements). « On se charge de transférer les autres patients vers d’autres services pour réduire leur nombre au SMI », affirme Jean-Michel Budet.

Le travail restreint du personnel soignant 

Une équipe de chercheurs et de médecins « compétents » entoure alors le patient et effectue les premiers prélèvements sanguins afin de confirmer ou non l’infection au virus Ebola. Les prélèvements sont transmis à un laboratoire P4 (pathogène de classe 4), seul établissement habilité pour ce genre d’analyse : il traite les virus générant des fièvres hémorragiques, comme le virus Ebola ou des maladies infectieuses à haut taux de mortalité, comme la variole, tout en préservant les chercheurs contre les risques d’infections et en protégeant l’environnement. Seuls deux établissements sont classés P4 en France : celui de la Direction générale de l’armement à Vert-le-Petit, dans l’Essonne (91) et le laboratoire Jean Mérieux, à Lyon.

Dans le cas de la patiente hospitalisée à Marseille, les analyses ont dû être envoyées à Lyon mais la rareté des établissements P4 restreint le travail du personnel soignant. « Durant la phase de diagnostic, les équipes médicales sont dans l’attente », constate Jean-Michel Budet. « Si le patient est en phase de traitement, il est intéressant de faire plusieurs prélèvements afin d’observer l’évolution du virus mais s’ils attendent à chaque fois les résultats, c’est plus difficile », poursuit-il.

Le patient reste confiné dans l’attente des résultats. « Pour un patient, il faut cinq soignants », précise Jean-Michel Budet. Si un nombre de patients important devait être pris en charge, l’AP-HP et l’AP-HM prévoient de renforcer le nombre de personnels présents. « Un dispositif de rappel de personnel supplémentaire est prévu, explique Jean-Michel Budet.

J’ai la liste des soignants compétents et expérimentés et je suis prêt à déclencher un plan blanc à tout moment ».
Communiquer : une nécessité ?

Fausse alerte pour la patiente de 43 ans : le virus Ebola ne l’a pas infectée. Les établissements de référence sont en revanche dans l’obligation de signaler les cas de virus Ebola à l’Institut de veille sanitaire, à l’ARS et au ministère de la Santé, afin de suivre l’évolution du virus au niveau national.

De même, Jean-Michel Budet assure que les autres patients de l’AP-HM seraient prévenus de la présence d’un cas d’infection au virus Ebola au sein de l’établissement : « On leur expliquera qu’on les protège et que le personnel a pris toutes les précautions d’asepsie nécessaire pour leur prise en charge. Cacher ce genre d’information serait déplorable pour l’AP-HM, étant donné le système médiatique dans lequel nous sommes. » A l’AP-HP (Paris) en revanche, le discours est différent : « il n’y a pas de raison de communiquer l’information de la présence d’un porteur d’Ebola aux autres patients du service ou de l’hôpital, ces derniers n’étant pas exposés au risque puisque les porteurs sont isolés ».

« Un calcul bénéfice-risque »

Les traitements contre le virus Ebola n’existent pour l’instant qu’en petite quantité, à l’instar du sérum ZMapp, administré avec succès à deux soignants américains et promis au Liberia. Dans l’attente d’un traitement ou d’un vaccin plus général, « les médecins doivent être armés », selon Jean-Michel Budet. Le personnel soignant doit utiliser du matériel à usage unique, qui sera incinéré par la suite, ce qui limite ses actions thérapeutiques.

Ils auront des difficultés pour pratiquer des radiographies ou des IRM. Le réanimateur devra se déplacer jusqu’au SMI et son matériel sera plus restreint que s’il avait exercé au sein de son service », explique Jean-Michel Budet.

Des restrictions thérapeutiques qui soulèvent un problème éthique, à savoir, la confrontation entre l’intérêt personnel du patient infecté par le virus Ebola et l’intérêt collectif des autres personnes hospitalisées ainsi que celui du personnel soignant. « En général, à l’accueil d’un patient, on déploie tous les moyens : IRM, examens biologiques, endoscopies… »

Avec le virus Ebola, on va avoir tendance à réduire le matériel du fait de la contagiosité du patient. On fera toujours le maximum pour lui mais il y aura un calcul bénéfice-risque », souligne le directeur général adjoint de l’AP-HM.

Magali Judith – Le Nouvel Observateur

 

 

 

Source Article from http://tempsreel.nouvelobs.com/virus-ebola/20140819.OBS6608/ebola-et-si-la-france-etait-touchee.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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