Après l’avalanche de médailles remportées hier, le clan tricolore a stoppé net son compteur vendredi. Lucie Décosse (-70 kg) tire sa révérence sur un petite 5e place. Seule Audrey Tcheuméo sauve l’honneur en remportant le bronze mondial en -78 kg à Rio.
On la disait prête à rafler un quatrième titre mondial. Mais la magie n’a pas opéré. Championne olympique à Londres en 2012, l’athlète la plus titrée du judo tricolore n’a pas réussi son pari dans l’Arena du Maracanazinho à Rio. Sortie prématurément par la Colombienne Yuri Alvear (qu’elle avait battue en 9 secondes aux JO) dès les quarts de finale, la Française n’a pas su trouver les ressources pour arracher le bronze mondial. En pleurs dans les bras des membres de sa famille venue de Guyane l’encourager, elle referme sa carrière sur cette place au pied du podium. La triple championne du monde a eu droit néanmoins à une ovation de la part du public qui a salué son époustouflante carrière. Pourtant, le titre était largement à sa portée aujourd’hui, sa bête noire Kim Polling (la Néerlandaise qui allait finalement prendre le bronze) ayant été sortie à la surprise générale par la Coréenne Kim en quart de finale.
Dès le premier tour face à la Marocaine Niang, on sentait la triple championne du monde dans un mauvais jour. Certes, les deux athlètes se connaissaient bien, mais Lucie Décosse n’arrivait pas à impulser le rythme, à déplacer ses adversaires pour placer ses divins o-uchi-gari qui ont forgé sa réputation. A l’expérience et grâce à un uchi-mata (technique de hanche) opportuniste, la Française parvenait néanmoins à passer au deuxième tour où elle atomisait, sur un o-soto-gari (technique sur l’arrière) foudroyant, l’Allemande Marzok. Comme aux championnats du monde en 2011 à Paris, on a cru voir dans ce mouvement les prémisses d’une montée en puissance. Des espoirs bien vite anéantis par son combat contre la Colombienne Alvear. Emoussée et perturbée sûrement par les nouvelles règles, Lucie Décosse n’a rien tenté pour combler son retard d’un waza-ari sur celle qui allait finalement devenir championne du monde (et qui n’a pas manqué de venir saluer la néo-retraitée).
« Ca fait un an que je dis que je vais arrêter, mais je ne savais pas comment ça allait se passer. Finalement, hormis les combats, c’était une belle journée. Il y avait ma famille et tous les étrangers m’encourageaient, a déclaré, émue, la Française. C’était un défi pour moi de faire une année supplémentaire. J’ai essayé. Quand je vais rentrer chez moi, ça va me faire bizarre. Je vais comprendre que c’est fini car je ne reviendrai pas. Le judo, c’est trop dur et je n’arrive plus à me battre. Mais bon, j’ai marqué l’histoire de mon sport et décroché les Jeux olympiques. C’est ça qui compte. »
Tcheuméo accroche le podium
Pour Audrey Tcheuméo, le constat est d’autant plus décevant qu’elle tenait dans sa main le ticket pour la demi-finale. Un pass que la Canadienne Roberge a réussi à chiper dans les 30 dernières secondes en piquant la Française au sol. “C’est une erreur de débutant, reconnaît Christophe Massina, entraîneur de l’équipe de France féminine. En plus, elle était en forme et elle avait les moyens d’aller jusqu’au bout vu à quelle vitesse se dégageait de tableau…” Dans la petite finale qui l’opposait à la Cubaine Antomarchi, elle reprenait du poil de la bête et s’emparait du bronze grâce à un yuko d’avance.
Plus rageante encore est la défaite de Lucie Louette, dès le premier tour contre cette même Cubaine. Sur une action de sa rivale, la Française saisit le pantalon adverse pour se rattraper. Une erreur qu’elle paye cash en étant disqualifiée. En larmes dans les vestiaires, Lucie Louette peut nourrir beaucoup de regrets. Vainqueur du Tournoi de Paris en février et championne d’Europe à Budapest en avril, la nouvelle recrue du Flam 91 avait la possibilité de s’emparer de l’or mondial. Des espoirs bien vite étouffés, dès le milieu de la matinée. Après la fabuleuse journée du jeudi 29 août (Loïc Piétri en or, Clarisse Agbegnenou en argent, Gévrise Emane et Alain Schmitt en bronze), le judo français cale et perd par le même coup la plus titrée de ses athlètes (Lucie Décosse) dont il convient de saluer le palmarès.
Demain, le clan tricolore a l’occasion d’accrocher deux médailles avec l’entrée en lice de Cyril Maret et Emilie Andéol. Mais tous les espoirs se concentrent sur le champion olympique Teddy Riner (retrouvez son interview ici), qui vise un sixième titre mondial sur les terres de son premier exploit en 2007.
Florent Bouteiller, envoyé spécial à Rio de Janeiro
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Source Article from http://combat.blog.lemonde.fr/2013/08/30/douche-froide-pour-le-judo-francais/
Source : Gros plan – Google Actualités