« Nous ne devons pas laisser l’Amérique latine penser qu’elle peut emprunter ce chemin sans en subir les conséquences », martèle le président américain Richard Nixon devant le Conseil national de sécurité le novembre 1970. L’avant-veille, le président socialiste Salvador Allende a pris ses fonctions. La coalition qui a porté la gauche au pouvoir est fragile, et la Maison Blanche bien décidée a « faire hurler » l’économie du pays. Après des mois de déstabilisation (manœuvres institutionnelles, grèves patronales, manifestations, tentatives de coup d’Etat, etc.), l’armée chilienne intervient. Elle est soutenue par la presse, par l’organisation fasciste Patrie et Liberté, par le Parti national et par les Etats-Unis. Le 11 septembre 1973, elle bombarde le palais présidentiel. Quelques heures avant sa mort, au cours d’une ultime allocution radiophonique, Allende déclare : « Ils ont la force, ils pourront nous asservir ; mais on n’arrête pas les mouvements sociaux, ni par le crime ni par la violence. » Débute alors l’une des dictatures les plus brutales qu’ait connues l’Amérique latine : plus de trois mille morts, près de trente-huit mille personnes torturées et des centaines de milliers d’exilés.
Image extraite de « Septembre chilien »
Le film ressortira sur
les écrans le 2 octobre prochain.
Quelques jours après le coup d’Etat, le réalisateur Bruno Muel se rend sur place, pour témoigner. Avec Théo Robichet et Valérie Mayoux, il réalisera le documentaire Septembre chilien — qui ressort en salles le 2 octobre — dont il raconte ici la genèse.
Laboratoire des politiques néolibérales, le Chili fut également celui de nouvelles méthodes de déstabilisation, comme le révèle le film La Spirale, réalisé (en collaboration avec Chris Marker) par Jacqueline Meppiel, Valérie Mayoux et l’intellectuel Armand Mattelart, qui livre, dans « “La Spirale”, quand l’ancien monde refuse de mourir », son analyse de la stratégie de la bourgeoisie chilienne. Si celle-ci dut s’organiser, c’est que de 1970 à 1973, le Chili aura menacé les intérêts des puissants : de la constitution de solides organisations populaires (lire L’« octobre rouge » chilien et la naissance des cordons industriels) à l’émergence d’une politique étrangère non alignée (lire L’étonnante actualité d’une politique étrangère). Ce qui explique sans doute qu’après une longue période d’oubli, les étudiants chiliens mobilisés depuis septembre 2011 aient décidé de dépoussiérer l’icône Allende, ainsi que son héritage politique (lire Les étudiants dépoussièrent une icône).
Le 17 septembre, à 19 heures, une projection spéciale de La Spirale est organisée par Le Monde diplomatique et Galatée films, en présence d’Armand Mattelard, Ignacio Ramonet et Jacques Perrin. A la Maison de l’Amérique Latine, 217 Boulevard Saint-Germain, Paris, VIIe. Entrée gratuite, sur réservation par email : reservationlaspirale@gmail.com (dans la limite des places disponibles).
Le film Septembre chilien ressortira sur les écrans le 2 octobre prochain. Il est programmé avec Les Enfants des mille jours de Claudia Soto et Jaco Bidermann. Avant-première le 11 septembre au Nouveau Latina (20, rue du Temple, 75004 Paris).
Source Article from http://www.monde-diplomatique.fr/2013/09/A/49662
Source : Gros plan – Google Actualités