INTERNATIONAL – L’euphorie qui entoure, voire enflamme, la Grèce et l’Europe depuis dimanche 5 juillet au soir à l’annonce du non massif (plus de 60%) à l’accord préparé et négocié par les créanciers de la Grèce, les institutions européennes et internationales, enfin les principaux dirigeants européens, n’est pas de nature à changer fondamentalement la donne à court terme en ce qui concerne la question de la dette grecque.
La politique de la terre brûlée
Pendant toute cette journée du lundi, le gouvernement grec et l’Europe vont en effet reprendre les négociations. Mais sur quelles bases ? Il est évident que les créanciers vont remettre dès aujourd’hui sur la table le « paquet » déjà négocié et sur lequel s’étaient d’ailleurs entendus les dirigeants européens et Tsipras lui-même avant que, dans une chambre d’hôtel à Bruxelles, Tsipras et ses proches collaborateurs, décident de faire monter la pression en renonçant à cet accord et en annonçant de façon abrupte la tenue d’un référendum sur cette question.
Tsipras et son très dogmatique ministre des finances Yanis Varoufakis, qui a qualifié les créanciers de son pays de « terroristes », ont ainsi montré qu’ils pratiquaient la politique de la terre brûlée en instrumentalisant le peuple grec pour mieux servir leur cause politique.
En réalité, il ne pouvait en être autrement dès le début. Après être arrivé au pouvoir au mois de janvier dans un vent de révolte contre les mesures d’austérité déjà proposées par la fameuse et honnie « troïka » ( qui existe pourtant toujours évidemment même sous un autre nom), le gouvernement de la gauche radicale allié pour la circonstance avec un parti de la droite dite « souverainiste », savait qu’il risquait gros en négociant un accord qui aurait pu le conduire à sa mise en minorité, tant au sein de son parti où des factions encore plus extrêmes existent, qu’au Parlement où il aurait pu lui être reproché d’avoir mal négocié.
Ce faisant, Tsipras n’a pas eu le courage d’assumer pleinement l’accord pourtant équilibré et raisonnable proposé par les institutions financières et les dirigeants européens. Il a préféré faire de la politique et se camoufler derrière un vote du peuple grec dont on ne sait pas quelles conséquences il va falloir en tirer…
La position difficile des dirigeants européens
Les dirigeants européens dont Angela Merkel et François Hollande, n’ont jamais dit à la Grèce que l’accord était à prendre ou à laisser. Ils ont constamment réitéré leur volonté de négocier jusqu’au bout en faisant des efforts. Mais qu’on y prenne garde : le Bundestag, qui devra se prononcer, ne votera pas un accord qui serait par trop déséquilibré. En clair, le gouvernement grec n’aura d’autre solution que d’accepter un plan de mesures d’économies drastiques, quitte à ce que celui-ci soit plus étalé dans le temps et peut-être un peu plus indolore.
Le gouvernement grec se fera fort d’obtenir un accord en 24 ou 48 heures ; c’est qu’il dispose forcément d’une marge de manœuvre politique qui aurait pu le conduire à éviter les frais d’un référendum et le chaos dont ils sont directement responsables. Mais attention, après avoir fait campagne pour le non à la « dictature » de la troïka-qui n’est tout de même pas ce que fut la dictature des colonels que connut ce pays de 1967 à 1974- Tsipras et Varoufakis pourraient se retrouver vite désavoués et accusés de s’être réfugiés derrière le peuple grec pour mieux le tromper.
La force du référendum
Il est vrai, toutefois, qu’un référendum a une force considérable. Il est évident qu’après la mise en garde de Barack Obama et l’appel de Christine Lagarde à négocier rapidement un accord, l’Europe risque de se retrouver isolée. Elle se retrouve ainsi dans l’obligation de consentir un geste supplémentaire.
Mais le risque est lourd : la cohésion de l’Europe a volé en éclats sur cette question ainsi et surtout que la solidarité franco-allemande. La différence de culture économico-financière des deux pays est tellement importante qu’on ne voit pas ce qui aurait pu conduire à une réelle convergence de vue sur cette question. Pourtant, dans l’adversité, les deux pays sont condamnés à s’entendre dès aujourd’hui.
Surtout, cette crise majeure montre que désormais, sans une vraie ambition de gouvernance politique de l’Union économique et monétaire, l’Europe est menacée d’implosion. Il est donc grand temps de prendre le temps de réfléchir à ce que signifie le fait de vivre ensemble dans une même union… Les Anglais pourraient eux aussi nous le rappeler en 2017 en votant « non » au référendum décidé par David Cameron.
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Si certains désaccords se sont exprimés au cours des négociations sur la Grèce, François Hollande a tenu à rappeler lundi l’importance du couple franco-allemand. « Il fallait garder ce rapport franco-allemand, cette relation entre madame Merkel et moi-même, qui est nécessaire si on veut aboutir à un compromis », a dit le chef de l’Etat.
« La crédibilité de l’Europe aurait été atteinte s’il n’y avait pas eu d’accord aujourd’hui », a aussi affirmé le président français. Il a fait valoir que l’accord, conclu au terme de dix-sept heures de négociations marathon, comprenait « un reprofilage de la dette » d’Athènes « par un allongement des échéances, des maturités et par une négociation des intérêts ».
Les Parlements nationaux qui doivent voter sur le projet d’aide européenne à la Grèce le feront probablement cette semaine, a espéré lundi le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
« Dans les prochains jours, mardi ou mercredi, les Grecs légifèreront. Le plan dans son ensemble devra être approuvé, mais aussi les premières actions » exigées par les créanciers, a déclaré Jeroen Dijsselbloem à la presse à l’issue d’un sommet de l’Eurgroupe validant un projet de troisième plan d’aide à la Grèce.
« Une fois que cela a été fait, nous aurons un Eurogroupe téléphonique, probablement mercredi, qui sera le signal pour les autres Parlements (…) mercredi, jeudi ou vendredi », a-t-il ajouté, soulignant que les Parlements étaient bien évidemment souverains.
« Quand ils auront fait cela, nous aurons alors une décision plus formelle » pour démarrer les négociations, a précisé Jeroen Dijsselbloem. Lundi après-midi aura lieu une autre réunion de l’Eurogroupe qui devra notamment décider d’une solution transitoire pour permettre à la Grèce de tenir financièrement jusqu’à la mise en oeuvre du plan.
La France votera pour sa part mercredi, comme l’a confirmé Manuel Valls:
Ce mercredi, l’accord sur la Grèce sera soumis au vote de l’Assemblée nationale.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 13 Juillet 2015
Selon le chef de l’Etat, « l’Europe a gagné » et l’action de la France n’y est pas étrangère:
Un accord a été trouvé. La France le cherchait, le voulait. La Grèce reste dans la zone euro. L’Europe a gagné.
— François Hollande (@fhollande) 13 Juillet 2015
Alexis Tsipras, premier ministre grec, s’est exprimé après l’accord de la zone euro, estimant que « le message de la dignité a été transmis ». Selon lui, « le peuple grec soutiendra cet accord de retour à la croissance, car nous avons mené une lutte juste », et la Grèce « a pu obtenir une restructuration de la dette. »
Le gouvernement grec a « livré jusqu’au bout un combat juste », qui a débouché sur un « accord difficile » mais garantissant la « stabilité financière » et la relance en Grèce, a aussi déclaré le premier ministre. Selon lui, « la grande majorité du peuple grec va soutenir cet effort (…) nous continuerons à nous battre » pour « les réformes radicales dont la Grèce a besoin », a-t-il ajouté.
Alexis Tsipras a cependant estimé que les mesures réclamées en contrepartie par les créanciers de la Grèce « renforceront la récession ». Mais le chef du gouvernement grec « espère que les 35 milliards d’euros de mesures et la restructuration de la dette permettront aux marchés et aux investisseurs de comprendre que le Grexit appartient au passé ».
Accord sur la dette grecque : Pour Alexis… par LeHuffPost
« Le chemin sera long et difficile », avertit Angela Merkel. L’accord trouvé après dix-sept heures de négociations entre la Grèce et ses partenaires de la zone euro comprend « une large palette de réformes au moyen desquelles, je crois, la Grèce a la chance de revenir sur le chemin de la croissance », a déclaré la chancelière. Mais « le chemin sera long et, si j’en crois les négociations de cette nuit, difficile ».
« Le ‘Grexit’ a disparu », a annoncé à l’AFP Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, après l’accord trouvé sur la Grèce. « Nous avons trouvé un accord, il fut laborieux », a aussi souligné Jean-Claude Juncker lors d’une conférence de presse. « Depuis le début, la Commission n’a cessé d’insister sur le fait que nous ne saurions accepter une quelconque forme de Grexit ».
L’accord entre la Grèce et les autres pays membres de la zone euro aboutit à la « mise en esclavage », voire même la « mise à mort » du peuple grec, a estimé lundi le vice-président du Front national, Florian Philippot.
« On est en train d’assister à l’horreur européenne. On est en train non pas d’essayer d’aider les Grecs, ou d’essayer, pour le président français, de soulager le contribuable français. Non, on est en train d’essayer de sauver l’euro à tout prix une nouvelle fois. Or ce prix, on l’a maintenant sous nos yeux. C’est d’abord la mise en esclavage d’un peuple entier. Parce que la Grèce, si l’accord passe, ressortira lessivée, même mise à mort, c’est encore plus d’austérité », a déclaré sur iTELE Florian Philippot, qui s’exprimait quelques minutes avant l’annonce d’un accord sur la Grèce.
Manuel Valls a dit lundi sa « fierté » à l’égard de la gestion des négociations sur la Grèce par François Hollande, juste avant la confirmation d’un accord à Bruxelles pour un nouveau plan d’aide à Athènes. « C’est le président de la République qui est en train de permettre un accord au niveau de l’Union européenne », a affirmé le Premier ministre sur France Inter.
« Moi je veux dire ma fierté d’être aux côtés de François Hollande, et de réussir aujourd’hui ce qui semblait impossible. Parce que tout au long du week-end on nous disait qu’il y aurait un échec, que la Grèce allait peut-être sortir de la zone euro. Et si la Grèce reste dans la zone euro, ce sera grâce à la France et grâce à François Hollande », a-t-il poursuivi, quelques minutes avant la confirmation officielle d’un accord à Bruxelles.
Accord ! Moment historique. La Grèce, c’ est l’Europe. La France a joué son rôle jusqu’au bout ! MV
— Manuel Valls (@manuelvalls) 13 Juillet 2015
« La Grèce reste dans la zone euro, c’était l’objectif », s’est réjoui le président François Hollande après l’annonce d’un accord sur la Grèce. « Le rôle de la France a été de chercher à rapprocher les positions, à respecter le peuple grec mais aussi les autres nations », a aussi affirmé le chef de l’Etat.
.@FHollande : « L’objectif était de faire en sorte que la zone euro puisse être préservée dans son intégrité » #Grèce pic.twitter.com/JoGVs5d8Qc
— iTELE (@itele) 13 Juillet 2015
.@FHollande : « Le rôle de la France a été de chercher à rapprocher les positions, à respecter le peuple grec mais aussi les autres nations »
— iTELE (@itele) 13 Juillet 2015
François Hollande a aussi annoncé que les parlements nationaux se réuniraient « pour qu’il puisse y avoir un vote sur la déclaration de la zone euro ». En France, ce vote se tiendra à l’Assemblée nationale mercredi.
.@FHollande : « Les parlements nationaux vont se réunir pour qu’il puisse y avoir un vote sur la déclaration de la zone euro »
— iTELE (@itele) 13 Juillet 2015
L’euro remonte face au dollar après l’annonce d’un accord sur la Grèce. Vers 9H10, l’euro valait 1,1154 dollar contre 1,1149 vendredi soir, la devise européenne étant même montée à 1,1194 dollar avant l’ouverture des marchés à 08H57.
La Bourse de Francfort a par ailleurs ouvert en hausse marquée lundi, juste après l’annonce d’un accord unanime de la zone euro pour négocier un troisième programme d’aide pour la Grèce. L’indice vedette Dax a démarré sur une progression de 1,53% à 11.489,17 points. Dans les premiers échanges, le MDax des valeurs moyennes avançait de 1,03% à 20.443,40 euros.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a annoncé sur Twitter que le sommet européen avait enfin trouvé un accord, « à l’unanimité ». Il évoque des « réformes sérieuses et un soutien financier » en contrepartie, dans le cadre du mécanisme européen de stabilité. Cet accord ouvre la voie à un 3e programme d’aide pour la Grèce.
EuroSummit has unanimously reached agreement. All ready to go for ESM programme for #Greece with serious reforms & financial support
— Donald Tusk (@eucopresident) 13 Juillet 2015
Le premier ministre belge, Charles Michel, a annoncé sur son compte Twitter un « accord », mais visiblement tout le monde n’est pas d’accord, son homologue maltais tweetant dans le même temps que le sommet européen entrait dans sa dernière ligne droite. Le premier ministre luxembourgeois a lui affirmé: « nous sommes proches d’un accord »:
Agreement
— Charles Michel (@CharlesMichel) 13 Juillet 2015
#EuroSummit final lap on -JM
— Joseph Muscat (@JosephMuscat_JM) 13 Juillet 2015
after 17h of negotiations we are close to an agreement. Europe is strong.
— Bettel Xavier (@Xavier_Bettel) 13 Juillet 2015
C’est l’une des dernières pierres d’achoppement pour trouver un accord entre la Grèce et ses créanciers. Selon le premier ministre Manuel Valls, qui a fait cette annonce sur France Inter, le fonds de garantie des privatisations serait basé « en Grèce » et non au Luxembourg comme le souhaitait l’Allemagne.
Interrogé sur l’hypothèse de ce fonds basé au Luxembourg, évoquée dimanche, Manuel Valls a répondu: « non. C’était la proposition initiale du ministre des Finances allemand. Et aujourd’hui ce fonds, si j’en crois les dernières informations que nous avons de cette nuit – et encore une fois je suis prudent -, serait en Grèce, géré par les Grec ».
Le texte présentant les exigences de l’Eurogroupe inclut parmi les options la proposition allemande de création hors de la Grèce d’un fonds regroupant des actifs grecs à hauteur de 50 milliards d’euros pour garantir les privatisations promises par Athènes, a précisé un diplomate européen.
Un « Grexit » serait un « désastre » pour la Grèce et la zone euro, a affirmé le premier ministre Manuel Valls sur France Inter, saluant par ailleurs le « courage » d’Alexis Tsipras. « Quand on est un ancien chef de l’Etat, on n’affaiblit pas la position de la France, on aide son pays quoi qu’il arrive », a aussi dit le chef de gouvernement à propos des critiques de Nicolas Sarkozy contre François Hollande.
.@manuelvalls : Les risques géopolitiques seraient terribles s’il y avait un #grexit La Grèce doit rester dans la zone euro
— France Inter (@franceinter) 13 Juillet 2015
.@manuelvalls : Je veux saluer le courage d’Alexis Tsipras et de son gouvernement qui a présenté au parlement des décisions difficiles
— France Inter (@franceinter) 13 Juillet 2015
.@manuelvalls : Quand on est un ancien chef de l’Etat on n’affaiblit pas la position de son pays, on aide la France
— France Inter (@franceinter) 13 Juillet 2015
Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement français, a déclaré lundi qu’il fallait « respecter la ligne de l’Allemagne » dans le dossier grec mais que « chacun (devait) défendre une part de l’intérêt européen », et a jugé « pas très responsables » les déclarations de Nicolas Sarkozy.
« Il y a une page d’Histoire pour l’Europe qui va s’écrire, je l’espère. La France et le président de la République auront cherché tout au long de ces négociations à rendre compatible le maintien de la Grèce dans la zone euro avec les impératifs liés à la créance due par la Grèce aujourd’hui. Cette discussion porte à la fois sur une dimension économique mais aussi sur une dimension politique », a déclaré Stéphane Le Foll sur France Info.
« La Grèce représente 2% du PIB, mais c’est un pays, dans une géographie très particulière, avec son Histoire, qui a aussi une force symbolique. Ne pas être solidaire dans un moment où un pays rencontre une difficulté, ça veut dire que la prochaine fois on peut avoir le même problème », a développé le porte-parole du gouvernement.
Le compromis trouvé à l’aube n’est semble-t-il pas suffisant pour que le gouvernement d’Alexis Tsipras cède. La Grèce ne veut pas que le FMI participe au financement d’un nouveau plan d’aide, pourtant exigé par l’Allemagne, et rejette l’idée de créer hors du pays d’un fonds regroupant des actifs grecs à hauteur de 50 milliards d’euros pour garantir les privatisations promises.
Selon un tweet du Premier ministre slovène, le premier à jeter l’éponge lundi matin en raison d’autres obligations, l’écart s’était toutefois réduit, « une seule question » restant à régler. « Ils sont enfermés à quatre, on ne sait rien de ce qu’ils se disent », a affirmé une source européenne.
Leaving #EuroSummit early due to @jensstoltenberg visit in Sl. One open issue left. NL PM Rutte will represent SI. pic.twitter.com/ztv45YcaYc
— dr. Miro Cerar (@MiroCerar) 13 Juillet 2015
Un projet de compromis pour maintenir la Grèce dans l’euro a été mis sur la table par les dirigeants allemand, français, grec et le président du Conseil européen et soumis aux dirigeants de toute la zone euro pour approbation, a indiqué lundi une source proche des discussions.
« Il y a un accord à quatre qui va maintenant être soumis aux 19 » dirigeants de la Zone euro, a indiqué cette source, quelques minutes après que le Conseil européen eut annoncé la reprise des discussions au sommet avec « un compromis » sur la table.
Ce compromis a été présenté par la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le président du Conseil européen Donald Tusk, a indiqué la source proche des discussions.
« Deux grandes questions restent ouvertes », mais « nous avons dégagé le terrain et sommes d’accord sur presque tout le reste », a commenté une source gouvernementale grecque.
L’euro se repliait légèrement face au dollar lundi dans les premiers échanges en Asie, alors que les dirigeants de la zone euro bataillaient pour ou contre une sortie de la Grèce de l’euro, une hypothèse désormais envisagée noir sur blanc.
Peu après 07h00 à Tokyo (dimanche 22h00 GMT), la monnaie unique oscillait autour de 1,1130 dollar, après être descendue un peu plus tôt à 1,1089 dollar, contre 1,1149 dollar vendredi vers 21h00 GMT.
L’euro fléchissait aussi vis-à-vis du yen, à 136,53 yens. Il était auparavant tombé autour de 135,40 yens, contre 136,86 yens vendredi soir.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a rallié l’opposition grecque, qui le soutient dans ses négociations avec les créanciers, mais au prix de dissensions internes à son parti Syriza, ce qui laisse craindre une nouvelle crise politique.
Un total de 251 députés – sur 300 – ont autorisé samedi le gouvernement à conduire des négociations avec les créanciers de la Grèce sur la base de propositions à peine différentes de celles que les électeurs ont rejetées à 61% lors du référendum du 5 juillet.
Ce large mandat, le chef du premier gouvernement de gauche radicale au pouvoir le doit au soutien des deux grands partis qui ont gouverné alternativement le pays depuis 40 ans, la Nouvelle Démocratie (droite) et le Pasok (socialiste), auxquels s’ajoute celui de la formation de gauche modérée Potami et du parti de droite souverainiste ANEL, membre de la coalition gouvernementale.
Pas moins de 17 députés de Syriza, qui en compte 149, ont cependant fait défection, parmi lesquels deux ministres, dont le bouillant ministre de l’Energie Panagiotis Lafazanis, adversaire déclaré de l’euro. Et 15 autres députés ont affirmé, dans une lettre adressée à M. Tsipras, avoir voté « oui » uniquement pour ne pas gêner le gouvernement. Ils ont prévenu qu’il ne faudrait pas compter sur eux pour entériner les futures réformes exigées par les créanciers.
Invité sur iTELE, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a estimé que mettre des avoirs grecs hors d’Athènes, comme le demande l’Eurogroupe, serait « une inacceptable humiliation ». « La France ne peut soutenir ça. »
Mettre avoirs grecs ds 1 fonds au Luxembourg est une inacceptable humiliation. France ne peut soutenir ça. #ThisIsAcoup #NoGrexit
— Pierre Laurent (@plaurent_pcf) 12 Juillet 2015
La Grèce ne peut pas attendre pour commencer à négocier un plan de renflouement, étant donnée la « gravité » de la situation de ses banques, à court de liquidités, a indiqué dimanche une source gouvernementale grecque à Bruxelles.
« Nous ne voulons pas de délai », jusqu’à mercredi, comme le propose les ministres des Finances de l’Eurogroupe, « car en attendant, il n’y a pas assez de liquidités de la BCE (injectées dans les banques grecques, ndlr) et la situation est grave (…). Jeudi serait trop tard », a déclaré cette source.
Le texte des ministres des Finances de la zone euro recensant de nouvelles exigences pour renouer le dialogue avec Athènes sur un plan de renflouement est « très mauvais » mais Athènes s’efforce de trouver des solutions pour surmonter la crise, a affirmé dimanche soir à Bruxelles une source gouvernementale grecque.
« Le texte dans son ensemble est très mauvais. Nous essayons de trouver des solutions », a expliqué cette source à propos du document européen qui évoque l’option d’une « sortie temporaire » de la Grèce de l’euro et consacre des abandons de souveraineté en échange d’une éventuelle aide.
Sur Twitter, la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin répond dans un message plein d’ironie aux critiques de Nicolas Sarkozy : « L’excellent plan de sauvetage de la Grèce, dont se prévalait Sarkozy en juillet 2011, a bien marché, et lui permet aujourd’hui de donner des leçons ».
L’excellent plan de sauvetage de la Grèce, dont se prévalait Sarkozy en juillet 2011, a bien marché, et lui permet auj de donner des leçons
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 12 Juillet 2015
Un troisième plan d’aide pour la Grèce pourrait être sur pied fin juillet, si les dirigeants de la zone euro parviennent dimanche soir à donner un signal politique positif et après validation des Parlements devant être consultés, a indiqué un responsable européen sous couvert d’anonymat.
Les 19 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro étaient réunis dimanche à Bruxelles pour étudier les conditions d’un éventuel troisième plan d’aide à la Grèce, qui divise profondément, certains pays refusant « un accord à tout prix ».
Si le sommet de dimanche s’avère conclusif, il faudrait « deux ou trois semaines » pour qu’un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros voit le jour, soit « vers fin juillet », a estimé un responsable européen, en marge de la réunion à Bruxelles.
Avant cela, le calendrier sera très serré, a-t-il prévenu, avec la Grèce qui s’est engagée à voter lundi et mardi un certain nombre de mesures, dont la réforme de la TVA, des pensions, de la procédure civile et à adopter le mécanisme européen pour la résolution des crises bancaires.
L’Allemagne « a porté un coup sévère et ébranlé l’Europe » par son attitude dans la crise grecque, a estimé dimanche le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, en marge de la Conférence sur le financement du développement qui s’ouvre lundi à Addis Abeba.
« L’Allemagne a montré un manque de solidarité. Vous ne pouvez pas gérer une zone euro sans un minimum de solidarité. (Cette crise) sape complètement la vision commune et la solidarité européenne. C’est un désastre », a confié l’ancien chef économiste de la Banque mondiale à l’AFP, jugeant qu’il serait « déraisonnable » que les négociations en cours à Bruxelles aboutissent à demander « encore davantage » à la Grèce.
Une majorité de Français (56%) souhaite que la Grèce demeure dans la zone euro, malgré ses difficultés actuelles, mais ils sont aussi une majorité à s’opposer à de nouvelles concessions à Athènes, selon un sondage publié dimanche.
En outre, les Français sont désormais 71% à se dire pessimistes concernant l’avenir de l’UE (+5 points en une semaine), selon ce sondage réalisé par l’institut BVA pour iTélé et Orange.
Ce pessimisme se traduit par une défiance à l’égard de la politique européenne actuelle et ils sont 90% à réclamer une réorientation de cette dernière, une volonté partagée par toutes les catégories de la population, qu’il s’agisse des sympathisants de gauche (88%) ou de droite (91%), des moins de 35 ans (87%) ou des plus des 65 ans (93%), des ruraux (90%) ou des habitants de l’Ile-de-France (91%).
Ce sondage a été réalisé par internet les 9 et 10 juillet auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée d’au moins 18 ans.
Un éventuel nouveau programme d’aide à la Grèce est évalué entre 82 et 86 milliards d’euros, selon le document final de l’Eurogroupe transmis dimanche aux chefs d’Etat et de gouvernement, dont l’AFP a obtenu copie.
« L’Eurogroupe prend note du fait qu’un eventuel programme aurait besoin de financements compris entre 82 et 86 milliards d’euros (…). L’Eurogroupe invite les institutions (Commission européenne, FMI, BCE, ndlr) à explorer les possibilités de réduire cette enveloppe » par la fiscalité ou les privatisations, selon ce document.
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Abyssale, la dette grecque constitue un record dans l’Union européenne quand on la rapporte au PIB du pays. Eurostat parle de 315,5 milliards d’euros à fin septembre 2014, le fonds européen FESF de 324 milliards d’euros.
Quoi qu’il en soit, la dette d’Athènes représente entre 175% et 177% du Produit intérieur brut (PIB) grec, selon les sources. L’essentiel est détenu par des organismes publics et par ses partenaires européens.
Le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) est le premier créditeur du pays, il détient plus de 40% de la dette. Mis sur pied en 2010 pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté, il a prêté à la Grèce 141,8 milliards d’euros en plusieurs tranches. En moyenne, les prêts du FESF ont une durée de 30 ans.
Banques, fonds de pension, investisseurs privés, fonds d’investissement ont racheté de la dette greque à hauteur de 54 milliards d’euros.
Les partenaires de la Grèce en zone euro, en premier lieu l’Allemagne et la France, ont déjà déboursé 52,9 milliards d’euros sous forme de prêts bilatéraux lors d’un premier plan d’aide au pays.
La France, au travers de ses prêts et de sa partticipation financière au FESF et au FMI, est exposée à hauteur de 40 milliards en Grèce.
La Banque centrale européenne (BCE), qui a acheté à partir de 2010 des obligations grecques sur le marché, détient environ 25 milliards d’euros de dette émise par Athènes, selon un porte-parole
Le Fonds monétaire international, dirigé par la Française Christine Lagarde et membre de la « Troïka », a prêté à hauteur de 25 milliards à la Grèce en contrepartie de sévères cures d’austérité et de réformes structurelles.
Source Article from http://www.huffingtonpost.fr/patrick-martingenier/comment-mtsipras-a-instru_b_7731590.html
Source : Gros plan – Google Actualités