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"Brexit" : l’article à lire pour comprendre ce que veut le Royaume-Uni – Francetv info

Sacré contraste. Autant la Grèce est constamment menacée de sanctions de toutes sortes par ses partenaires européens (exclusion de la zone euro, de l’espace Schengen, de l’Union européenne…), autant le tapis rouge est déroulé devant le Royaume-Uni pour qu’il ne quitte pas l’UE.

La crainte est pourtant réelle. Lors des dernières élections, le Premier ministre britannique, David Cameron, a en effet promis de consulter par référendum ses compatriotes sur le sujet, entre juin 2016 et la fin 2017. D’ici là, il va essayer, jeudi 18 et vendredi 19 février, lors d’un sommet à Bruxelles, d’arracher aux Européens un maximum de concessions pour convaincre les Britanniques de rester au sein de l’UE. Francetv info résume les enjeux de ce bras de fer, qui pourrait tourner au marché de dupes.

Pourquoi ce référendum sur la sortie de l’UE ?

L’histoire remonte à presque dix ans. En 2007, le chef de la droite britannique, un certain David Cameron, s’engage à organiser un référendum sur le traité de Lisbonne, qui remplace le projet de Constitution européenne, s’il gagne les législatives de 2010.

Le leader du parti conservateur remporte la victoire, mais avec l’aide des centristes. Pour ne pas déplaire à ses alliés europhiles, David Cameron oublie sa promesse. Mais celle-ci se rappelle à lui avec la montée d’un euroscepticisme virulent dans le pays. Et rebelote : pour gagner les élections (celles de 2015 cette fois), il s’engage à organiser un référendum sur la question européenne. Reconduit au 10 Downing Street en mai 2015, il précise que cette consultation aura lieu d’ici fin 2017.

Les Britanniques en veulent à ce point à Bruxelles ?

A tort ou à raison, Bruxelles est rendu responsable de nombre de maux du pays. Mais les Britanniques en veulent plus spécialement aux immigrants d’Europe de l’Est, accusés de leur voler leur travail et leurs allocations sociales depuis 2004. « Cette année-là, expliquent Les Echos, l’Union européenne est élargie à dix pays de l’Est. Et le Royaume-Uni est l’un des seuls pays à ne pas restreindre temporairement l’immigration en provenance de ces Etats. » Sous le Premier ministre travailliste Tony Blair (1997-2007), le marché du travail a été libéralisé et le pays, note Le Monde, crée des « millions d’emplois mal payés et faiblement qualifiés ». Selon Les Echos, les étrangers peuvent alors facilement trouver un poste dans le bâtiment, l’agriculture ou la santé.

Mais le gouvernement britannique, notait L’Express en janvier 2014, « avait sous-estimé l’afflux de travailleurs désireux de rejoindre la blanche Albion. Les autorités prévoyaient la venue de quelque 15 000 Polonais. Ce sont entre 900 000 et un million de personnes qui sont venues en dix ans. » Et ces immigrants ont droit, selon les traités de l’UE, aux mêmes prestations sociales que les Britanniques. 

Sous la pression du parti souverainiste Ukip, mais aussi de l’aile droite de son propre parti, David Cameron s’est engagé, en décembre 2014, à suspendre le versement des allocations et aides sociales aux salariés européens n’ayant pas cotisé pendant quatre années. Quitte à créer une inégalité entre les Britanniques et les autres Européens puisque ces aides permettent d’améliorer le revenu de millions de travailleurs pauvres.

Mais, du coup, que réclame David Cameron ?

Les revendications du Premier ministre britannique portent avant tout sur quatre points :

1) la suppression du droit automatique aux prestations sociales pour les ressortissants d’autres pays de l’Union européenne ;

2) un surplus de pouvoir aux Parlements nationaux. En cas de désaccord sur une directive envisagée par l’Union européenne, les lois pourraient être bloquées si plus de la moitié des Parlements nationaux sont d’accord ;

3) des garanties pour les neuf pays – dont le Royaume-Uni – n’appartenant pas à la zone euro de ne pas être pénalisés par les décisions de la zone euro ;

4) moins de régulations, qui, selon Londres, brident la compétitivité des pays de l’Union.

Jusqu’où David Cameron est-il prêt à aller ? En novembre dernier, le correspondant à Londres de France Télévisions, Loïc de La Mornais, expliquait qu’il devait donner des gages à droite à une « frange très anti-Europe, très euro-sceptique », jusque dans son parti.

Et que peut-il obtenir ?

David Cameron a déjà arraché des concessions de taille, qui mettent un peu plus en lambeaux les principes de l’UE. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a ainsi proposé un « frein d’urgence » autorisant tout Etat membre en mesure de démontrer que les flux migratoires menacent ses prestations sociales de cesser d’en faire bénéficier les nouveaux venus pendant une durée pouvant aller jusqu’à quatre ans. Une mesure qui inquiète notamment la Pologne, la Hongrie et la Roumanie, et pourrait inciter les autres Etats membres à multiplier les exemptions, allant à l’encontre du principe de la libre circulation des personnes.

Donald Tusk a également mis sur la table un « système de carton rouge », qui permettrait, sur décision de plus de la moitié (55%) des Parlements nationaux de l’UE, de stopper des projets législatifs de l’exécutif européen, comme l’explique ce reportage de France 2.

En revanche, François Hollande affirme refuser le droit de regard demandé par David Cameron sur les décisions de la zone euro : pas question, aux yeux de Paris, que les Britanniques puissent entraver le renforcement de la zone euro, dont ils ne sont pas membres, pour protéger les intérêts de la City de Londres, première place financière d’Europe. 

Mais, après tout, pourquoi ne pas laisser le Royaume-Uni quitter l’Union européenne ?

Le départ du Royaume-Uni affaiblirait à coup sûr le poids économique de l’Union. La population britannique représente 13% de celle de l’UE, soit un Européen sur huit, et son économie est l’une des trois meilleures de l’Union, l’équivalent de 15% de la richesse des 28 Etats membres. 

Le départ des Britanniques aurait également de lourdes conséquences pour le budget européen, expliquait récemment François Beaudonnet, alors correspondant à Bruxelles pour France 2 : « Londres participe à hauteur de 12% du budget des institutions européennes. La Commission européenne ou le Parlement perdraient ainsi 14 milliards d’euros chaque année en cas de départ du Royaume-Uni. »

Au-delà des conséquences économiques, les dirigeants des institutions européennes craignent qu’un « Brexit » (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne) ne donne un signe supplémentaire de la désagrégation de l’Union. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est essayé au lyrisme pour exclure, mardi 16 février, cette hypothèse. « Nous n’avons pas de plan B, nous avons un plan A. La Grande-Bretagne restera dans l’Union européenne et sera un membre constructif et actif de l’Union. » 

Et pour les Britanniques, ça changerait quoi de quitter l’Union européenne ?

« Le Royaume-Uni est un partenaire commercial important pour le reste de l’Europe (7% des échanges), mais l’UE est un partenaire essentiel pour le Royaume-Uni (près de 50%) », rappelle le chef économiste d’Oddo Securities, Bruno Cavalier, sur le site du journal Le Revenu. Catastrophé par la perspective d’un « Brexit », le patronat britannique est donc monté au créneau pour défendre le maintien du pays dans l’UE. Mobilisé en première ligne : le puissant secteur financier (12% du PIB), autrement dit la City, qui emploie deux millions de personnes au Royaume-Uni. 

« La City se porterait significativement plus mal » en cas de sortie de l’UE, assure ainsi le président de la banque Barclays, John McFarlane. Même inquiétude du côté des compagnies pétrolières, énergétiques ou pharmaceutiques, qui craignent de perdre des débouchés européens. Sans compter l’Association des constructeurs et des vendeurs d’automobiles (SMMT), qui se félicitait tout récemment d’un record de production de voitures made in Britain… dont près de 45% sont exportées vers l’Union européenne. 

Où en sont les négociations ?

« L’UE accepte de jouer le jeu, en prétendant faire des concessions aux Britanniques, afin d’aider le Premier ministre à convaincre les électeurs de voter en faveur du maintien de son pays dans l’Union », expliquait à francetv info Pauline Schnapper, professeure de civilisation britannique à l’université Sorbonne Nouvelle. Comme annoncé, le Royaume-Uni et l’UE sont parvenus à un avant-projet d’accord présenté au début du mois par Donald Tusk, le président du Conseil européen. Le texte est désormais entre les mains des « sherpas », et les derniers détails doivent être réglés par les chefs d’Etat et de gouvernement jeudi et vendredi.

Fort des concessions qu’il affirmera avoir obtenues de haute lutte, David Cameron devrait ensuite fixer aux Britanniques une date de référendum d’ici à la fin 2017. Si la situation lui paraît optimale, il devrait choisir juin 2016, et faire campagne pour le maintien de son pays dans l’UE.

Euh… Moi, les négociations bruxelloises, c’est pas ma tasse de thé. Vous me faites un résumé ? 😉

Les 28 chefs d’Etat et de gouvernement se retrouvent à Bruxelles, jeudi et vendredi, pour tenter d’éviter un « Brexit », la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Comme d’habitude, on va dramatiser les enjeux, suivre de près des négociations-marathon, durcir le ton au départ, et (probablement) conclure au finish.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, devrait notamment obtenir un « frein d’urgence » autorisant Londres à exclure des aides sociales, pendant quatre ans maximum, les migrants intra-européens (et tant pis pour l’égalité des travailleurs européens). Mais, à l’arrivée, le résultat est impossible à garantir. Les citoyens britanniques auront le dernier mot. Seront-ils séduits par la danse du ventre bruxelloise pour qu’ils restent dans l’UE ? Suspense. Réponse entre juin 2016 et fin 2017, la période pendant laquelle David Cameron a promis la tenue d’un référendum.

Source Article from http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/ue-grande-bretagne/brexit-l-article-a-lire-pour-comprendre-ce-que-veut-le-royaume-uni_1317565.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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