» On a juste un peu dérangé les amoureux qui roucoulaient », s’amuse Odile Andrieu en dépassant le jeune couple lové sur un banc du parc du château. A moins que la fondatrice du festival des Promenades photographiques de Vendôme ne les ait tout simplement occupés… Car, au lieu de seulement contempler la vue plongeante sur les bras du Loir – ses nénuphars et ses petites maisons bien rangées avec barques à disposition -, les tourtereaux et autres visiteurs se délectent aussi désormais, dans ce jardin en hauteur, de clichés bien loin d’une carte postale sépia du Loir-et-Cher.
On peut voir, en levant les yeux, les vestiges de cette ancienne collégiale du château de Vendôme où s’étire, jusqu’au 21 septembre, une exposition de photographies contemporaines. Chaque année, depuis dix ans – dont huit dans cet espace vert de 11 000 mètres carrés aux vingt et une variétés d’hortensias et au cèdre du xixe siècle (qu’elle se verrait bien utiliser comme cimaise) -, Odile Andrieu organise une déambulation en couleur. « Nous avons fait l’ouverture avec des photos de Jean Baudrillard », se souvient la directrice du festival. A l’époque, le sociologue et philosophe français s’étonne lui-même de l’affluence des visiteurs : « Pourquoi les gens se déplacent-ils pour venir voir mes photos ? »
Aujourd’hui, Vendôme, ses 900 clichés répartis en 20 expositions dans 8 lieux différents de la ville, attire près de 300 000 visiteurs en moyenne chaque année. Dans ce charmant parc avec vue, les murs de l’ancienne église en pierre accueillent les photos du désert de Mojave de Guillaume Rivière ou celles du périple de 700 kilomètres de Compostelle de Jean-François Bérubé.
Mais le coeur de l’exposition se trouve plus bas, à quelques minutes à pied. En quittant les amoureux, on longe la rampe d’accès jusqu’au cloître de Vendôme, où sont réunis les « Instants très simples » et tout aussi touchants de Claude Batho – photographe et mère de l’ex-ministre Delphine Batho -, qui a immortalisé son quotidien en noir et blanc avant de le quitter.
Même émotion au manège Rochambeau. Dans les écuries réaménagées avec goût, qui rappellent les ateliers des Rencontres internationales de la photographie à Arles, Dolorès Marat tient son rang d’invitée d’honneur après les photographes William Klein et Sebastiao Salgado. Une poésie diffuse que l’on retrouve dans les autoportraits en couleur de la Française Claire Laude.
« Lafemme photographe est une photographe comme un autre », exposition aux 10es Promenades photographiques de Vendôme (Loir-et-Cher). Renseignements au 02-54-72-02-47. Jusqu’au 21 septembre. www.promenadesphotographiques.com
Source Article from http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2014/08/22/a-vendome-objectif-femme_4474344_1616923.html
Source : Gros plan – Google Actualités