Au moins 230 personnes ont été blessées, samedi 30 août, après que la police pakistanaise a utilisé du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc contre des milliers de manifestants réunis dans le centre de la capitale, Islamabad, pour exiger la démission du premier ministre, Nawaz Sharif.
C’est la première fois que les forces de l’ordre utilisent des gaz et ce type de balles depuis le début, il y a deux semaines, du mouvement de contestation antigouvernemental mené par les opposants Tahir Ul-Qadri et Imran Khan.
Les manifestants étaient réunis devant le Parlement, mais les deux opposants ont poussé la contestation d’un cran samedi soir en appelant leurs partisans à se rendre devant la résidence officielle du premier ministre, située un peu plus loin sur l’avenue de la Constitution.
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« NOUS ALLONS RESTER PACIFIQUES »
Les manifestants ont même déployé une grue mobile afin de déplacer les conteneurs géants qui bloquaient l’accès à la résidence, à quelques centaines de mètres seulement de « l’enclave diplomatique », zone sécurisée où sont établies les principales ambassades, dont celles de France et des États-Unis.
« Nous allons rester pacifiques, nous allons nous asseoir [devant la résidence du premier ministre] et y mener notre sit-in », a déclaré à ses partisans M. Qadri.
Mais devant l’afflux de milliers de manifestants, certains munis de bâtons, la police pakistanaise a eu recours au gaz lacrymogène et à des balles en caoutchouc, la situation demeurant très tendue samedi soir.
Les autorités ont par ailleurs bouclé plusieurs accès routiers à la capitale, dont les hôpitaux étaient en état d’alerte.Invoquant l’article 245 de la Constitution, le gouvernement avait demandé il y a près de deux semaines à l’armée de protéger les bâtiments stratégiques dans le centre de la capitale, incluant la résidence officielle du premier ministre.
PAS DE DÉMISSION ENVISAGÉE
Dans un pays à l’histoire jalonnée de coups d’État, plusieurs analystes soupçonnent toutefois les deux opposants d’être téléguidés par les militaires afin d’affaiblir M. Sharif, chef d’un gouvernement majoritaire depuis les législatives de mai 2013.
Imran Khan, ex-star du cricket reconverti en homme politique nationaliste, et le chef religieux Tahir Ul-Qadri accusent la Ligue musulmane (PML-N) de M. Sharif d’avoir bénéficié de fraudes électorales massives. Les observateurs internationaux avaient pourtant jugé crédible ce scrutin, qui avait permis la première vraie transition démocratique de l’histoire du pays, tout en faisant état d’irrégularités éparses.
Devant l’impasse entre les opposants et le gouvernement, l’armée pakistanaise s’était imposée jeudi soir comme arbitre du conflit, mais cette médiation alimente les craintes d’un retour à la suprématie des militaires au Pakistan.Tard samedi soir, dans un communiqué, le gouvernement a annoncé qu’il n’était « aucunement question » que le premier ministre Sharif démissionne.
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Source : Gros plan – Google Actualités