Les polluants émis dans l’air par les pots d’échappement et par la combustion domestique de bois ou de charbon augmentent la pression artérielle, selon une récente étude internationale menée en Chine et publiée dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) du 25 août.
En Chine, près de la moitié des foyers brûlent du bois ou du charbon pour cuisiner, et le nombre de véhicules à moteur sur les routes s’accroît fortement, entraînant une augmentation des émanations de noir de carbone (ou carbone-suie) dans l’air, a relevé une équipe de chercheurs, menée par Jill Baumgartner de l’Institut de santé et de politique sociale de l’université McGill à Montréal (Canada), qui a mesuré les conséquences de l’exposition quotidienne à cette pollution de 280 femmes vivant dans la province rurale du Yunnan, dans le sud-ouest du pays.
NOIR DE CARBONE
« Le noir de carbone ou carbone-suie est l’un des polluants de l’air les plus nocifs pour la santé, qui est émis par tout type de combustion que ce soit les pots d’échappement (des moteurs diesels principalement) ou la combustion de bois et de charbon pour la cuisine ou le chauffage. C’est une matière solide très fine qui pénètre dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires et le sang », explique Gilles Aymoz, responsable du service de la qualité de l’air à l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie (Ademe).
Pour mener leur étude, les scientifiques canadiens ont posé sur les femmes chinoises un appareil permettant d’évaluer l’importance des particules fines PM 2,5 (dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres et dans lesquels on trouve notamment la suie) en suspension dans l’air qu’elles respirent au quotidien. Ils ont ensuite analysé ces échantillons pour évaluer leur contenu en noir de carbone et autres polluants. Ils ont également pris la tension artérielle des participantes, tout en prenant en compte leur consommation de sel, leur niveau d’activité physique, leur coefficient de masse corporelle ainsi que la proximité de leur habitation avec un axe routier important.
EFFET COCKTAIL
Les auteurs de l’étude ont constaté une hausse de la tension artérielle systolique des participantes, qui correspond à la phase de contraction du cœur. Cette augmentation est davantage liée au niveau de particules de carbone-suie dans l’air qu’aux autres polluants. « Nos résultats montrent que les effets du noir de carbone sur la tension artérielle sont au moins deux fois plus importants que ceux des autres particules de polluants dans l’air, concluent- ils. L’effet cardiovasculaire du carbone noir issu de la combustion de la biomasse est majoré par la coexistence avec la pollution automobile. » Autrement dit, plus les femmes vivent près de l’autoroute et plus l’élévation de leur pression artérielle est forte.
« On savait que le carbone-suie avait des effets cardiovasculaires mais jusqu’alors on pensait qu’il avait surtout des conséquences néfastes chez les personnes fragiles, sujettes à un risque d’infarctus. Or cette étude montre que le seul fait d’être exposé à ce polluant accroît la pression artérielle », souligne Francelyne Marano, toxicologue et professeure à l’université Paris-Diderot. Et cet impact est d’autant plus grand que l’on a ce que l’on appelle un « effet cocktail ». En effet, brûler du bois ou du charbon pour cuisiner, tout en vivant à proximité d’un axe routier fréquenté accroît d’autant plus la pression artérielle. « On parle d’effet cocktail car l’effet sur la santé de plusieurs polluants respirés en même temps, insiste Gilles Aymoz, est plus fort que la somme des effets de chaque polluant. »
Source Article from http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/08/26/la-pollution-domestique-et-automobile-accroit-la-tension-arterielle_4477028_3244.html
Source : Gros plan – Google Actualités