Record battu ! Les championnats d’Europe d’athlétisme ont pris fin dimanche 17 août à Zurich, et la délégation française a dans le même temps détrôné Barcelone et son record de médailles (18) décrochées en 2010. Pas moins de 23 médailles gagnées en Suisse, dont 9 d’or : les Français ont fait forte impression au pays des Helvètes.
Cette performance ne doit rien au hasard. Mieux, la Fédération française d’athlétisme avait presque anticipé ces nombreux succès tricolores, à en croire les propos de son président Bernard Amsalem avant le début de la compétition :
La génération Barcelone est encore là […] Ceux qui n’étaient pas là-bas rêvent maintenant d’une génération Zurich. Il y a sans doute plus de possibilités (de médailles) qu’en 2010″, espère le président de la FFA ».
Visionnaire ou réaliste ? Voici pourquoi la France a réussi à battre son record de médailles gagnées en championnats d’Europe.
1Parce qu’elle possède des athlètes de top niveau
La « génération Zurich » en compte quelques athlètes de top niveau dans ses rangs, aptes à rapporter la breloque dorée. Renaud Lavillenie n’a pas eu à trop forcer son talent pour décrocher l’or au saut à la perche : le Français a décroché le titre européen avec une barre à 5,90 mètres, alors qu’il détient le record du monde depuis février dernier avec un saut… à 6,16 mètres.
Même constat pour Yohann Diniz : le marcheur compte parmi les grands favoris internationaux de l’épreuve du 50 km marche. Il a répondu présent à Zurich, et de bien belle manière : 50 kilomètres en 3 heures, 32 minutes et 33 secondes, record du monde battu de près de deux minutes.
Enfin Mahiedine Mekhissi-Benabbad est aussi de ces athlètes qu’on attend toujours sur le podium. Le spécialiste français du 3.000 mètres steeple aurait pu faire coup double à Zurich en s’imposant à la fois sur son épreuve de prédilection et sur le 1500 mètres steeple. Il aura finalement décroché l’or sur cette dernière épreuve, ayant été disqualifié du 3.000 mètres à cause d’une réclamation douteuse de la sélection espagnole.
2Parce que la jeunesse est prometteuse
Une sélection qui ajoute aux athlètes confirmés qui rapportent des médailles, de jeunes athlètes prometteurs, devient carrément une grande sélection. La « génération Zurich » est le symbole de cet amalgame réussi.
De jeunes athlètes ont répondu présent, comme le médaillé de bronze au 110 mètres-haies Pascal Martinot-Lagarde. L’actuel détenteur du record de France (en 12.95) a confirmé en partie les attentes placées en lui en terminant sur le podium européen, ce malgré une course où il s’est plusieurs fois pris les pieds dans la haie. Prometteur pour l’avenir, sachant que « PML » n’a pas encore 23 ans.
Floria Gueï pourrait aussi devenir un visage incontournable de l’athlétisme français. À 24 ans, la coureuse a frappé fort dimanche 17 août en finale du 4×400 mètres en faisant terminer les Bleues sur la première marche, alors qu’à 100 mètres de la ligne, les Françaises n’étaient même pas sur le podium :
La performance de Flora Gueï, tout comme celle de « PML » et d’autres jeunes Français, y est aussi pour beaucoup dans ce record de médailles glanées par la France.
3Parce que la France a l’esprit d’équipe
Les grandes performances cachent souvent une bonne ambiance (de groupe professionnel), et ces Europe 2014 l’ont de nouveau démontré. Les athlètes français ont fait preuve d’enthousiasme à plusieurs reprises mais surtout d’une bel solidité psychologique.
Interrogé par « L’Equipe », le directeur technique national et ancien médaillé olympique Ghani Yalouz a salué l’esprit d’équipe des troupes françaises à Zurich :
Ça a été une victoire d’équipe. Avec des jeunes, des moins jeunes et des plus expérimentés. C’est ça, la clé du succès. Le niveau européen n’est pas le niveau mondial. Mais on progresse, et c’est de bon augure avant les Jeux de Rio (en 2016) ».
4Parce que les pires adversaires étaient absents
23 médailles, les athlètes français peuvent être fiers de leurs performances aux championnats d’Europe à Zurich, sans pour autant verser dans l’euphorie. Plusieurs de leurs adversaires, favoris des épreuves internationales d’athlétisme, étaient absents de ces championnats puisque non Européens. Leur présence aurait sans doute mis davantage les Français en difficulté.
Exemple avec le 3.000 mètres steeple hommes : Mahiedine Mekhissi-Benabbad a été (largement) au-dessus de ses concurrents à Zurich malgré sa disqualification. Mais aurait-ce été le cas si ses principaux rivaux, Brimin Kiprop Kipruto et Ezekiel Kemboi, originaires du Kenya, avaient couru contre lui ?
Idem pour la sprinteuse française Myriam Soumaré. Médaillée de bronze à Zurich sur l’épreuve du 200 mètres femmes, la triple médaillée de Barcelone a du mal à rivaliser lors des compétitions internationales. Lors des JO de 2012, elle a terminé 7e du 200 mètres avec un temps similaire à celui réalisé à Zurich…
L’athlétisme français a sûrement de beaux jours devant lui. Reste encore à confirmer cette moisson de médailles européennes au niveau international.
Jean-Luc Mounier – Le Nouvel Observateur
Source Article from http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20140818.OBS6573/championnats-d-europe-d-athletisme-pourquoi-la-france-a-rafle-tant-de-medailles.html
Source : Gros plan – Google Actualités