« On est en train de crever ! » Avant de se décider à appeler Marianne, Roger Gloaguen, boucher-charcutier à Plonéour-Lanvern, dans le Finistère, s’est fait violence. Fils de marin pêcheur, des mains comme des battoirs, ce gaillard de 48 ans, dont trente-trois passés à désosser des carcasses, n’est pas du genre à jouer les pleureuses. Au café Le Marigny de Pont-l’Abbé, la commune voisine de Plonéour où son coup de fil nous a menés, le Breton débite son histoire, en tranches épaisses, devant un Orangina
«J’ai redoublé trois fois. Niveau intello, je suis entre la grenouille et le poisson rouge. N’empêche : j’ai commencé à construire ma maison à 18 ans et je l’ai finie à 30 ans. Pour monter ma boucherie, j’ai emprunté 200 000 € à la banque en me mettant à genoux devant un type en cravate, et j’ai bossé, 15 heures par jour. Aujourd’hui, mon affaire tourne à peu près, j’arrive à m’en sortir. Mais, dans l’association locale de charcutiers-traiteurs à laquelle j’appartiens, les trois quarts de mes collègues vivent à découvert. Le petit commerce de centre-ville est au bord du gouffre. Les gens souffrent en silence parce que personne n’est fier de raconter qu’il a envoyé un chèque non signé à EDF pour retarder de trois jours l’échéance.»
Roger Gloaguen, lui, a décidé de parler. Pour les 400 artisans et commerçants qu’il représente en tant que président du Gaco, le Groupement des associations commerciales de l’Ouest-Cornouaille. Et parce que «trop, c’est trop».
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Source : Gros plan – Google Actualités