La constante des choix de François Hollande, c’est le primat du politique par rapport aux intérêts économiques du pays. Cela se vérifie encore avec le retour des écologistes au gouvernement. Chacun a compris la raison sous-jacente de cette porte grande ouverte: empêcher une candidature verte à l’élection présidentielle. Et, accessoirement, « diviser les écologistes pour mieux les détruire », comme l’a fustigé Noël Mamère, dans une déclaration à Challenges.fr. Il reste que pour l’économie du pays, le résultat est catastrophique, et cela pour trois raisons.
La première est évidente, avec les réactions négatives déjà enregistrés au sein des grands de la filière du logement. Le souvenir des dégâts laissés par Cécile Duflot y est encore très présent, et Emmanuelle Cosse devra démontrer qu’elle est faite d’un autre bois, et structurée par une autre idéologie, que sa devancière. Le pire n’étant jamais tout à fait certain, il faut évidemment relever sa prestation du jour sur France Inter. La ministre s’est montrée beaucoup plus préoccupée par le fait de booster la construction de logements, que par le fait de reprendre à son compte les chevaux de bataille de Duflot…
Les deux autres raisons viennent d’un constat de feu le président d’Areva, Luc Oursel: « Plus la mouvance écologiste est divisée, plus elle cherche à se rassembler autour de deux combats, contre le diesel, et contre le nucléaire ». Les constructeurs automobiles sont donc prévenus, et il faudra tout le poids – relatif désormais – d’Emmanuel Macron pour veiller à calmer les débordements.
Petites combines de Hollande
Concernant le nucléaire, il faut se rappeler l’incroyable accord négocié entre les Verts et le Parti socialiste, pendant la campagne de François Hollande, visant à arrêter le tiers des réacteurs nucléaires opérant en France. Accord tellement surréaliste qu’il n’avait pas été repris dans les « 60 engagements » du candidat, qui lui avait préféré la proposition de « réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 à 50 % à l’horizon 2025 ». C’est exactement la même formulation qui a été reprise dans la loi de transition énergétique, et nul doute que les trois ministres écologistes, dans leur souci de s’acheter une conduite anti-nucléaire, mettront un point d’honneur à ce que cet engagement soit respecté.
Or, et c’est un élément nouveau qui a été peu remarqué, le respect strict de la loi aurait une conséquence dramatique, comme le révèle le rapport de la Cour des Comptes, publié à la veille de la formation du nouveau gouvernement: « L’objectif fixé par la loi [de transition énergétique] aurait pour conséquence de réduire d’environ un tiers la production nucléaire, soit l’équivalent de la production de 17 à 20 réacteurs » (P.130 du rapport spécial de la maintenance des centrales nucléaires). Autrement dit les Sages de la rue Cambon mettent en évidence une menace qui nous ramène exactement au funeste accord PS-Verts de la campagne de 2012. Et ils en calculent même l’incidence sur les comptes d’EDF: près de 2 milliards en moins à prévoir chaque année (P.132 du rapport), un désastre pour une entreprise qui verrait ainsi son résultat (4,8 milliards d’euros en 2014) amputé d’un tiers! Les actionnaires et clients d’EDF pourront remercier les petites combines de François Hollande. A moins que – on ne peut rien écarter au vu des arrangements entre amis qu’est ce remaniement – ces écologistes nouvelles donne, si ravis de leurs portefeuilles, ne se soumettent tranquillement à la discipline sauce hollandaise.
Source Article from http://www.challenges.fr/challenges-soir/20160212.CHA5054/le-triple-impact-catastrophique-du-retour-des-ecologistes.html
Source : Gros plan – Google Actualités