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En toute «pudeur», Sarkozy se livre au jeu des 27 erreurs – Libération

Cela commence par une petite coquetterie. Un mensonge bénin : «Ce livre n’est pas une déclaration de candidature à la prochaine élection présidentielle», écrit Nicolas Sarkozy. «Il est trop tôt», ajoute-t-il. Il faudra se contenter de cette justification lapidaire. A entendre les apôtres du sarkozysme qui célèbrent depuis quelques jours la parution de ce «livre événement», il devait s’agir, au contraire, de la confirmation d’une candidature implicite. Personne ne doute que l’ancien chef de l’Etat s’est fait réélire chef de l’UMP, fin 2014, pour retourner à l’Elysée. Mais les sondages sont si mauvais que l’entreprise est en péril.

Il fallait sans tarder changer de registre et entrer clairement dans la compétition contre Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire. Quelques lignes plus loin, à la fin de son «prologue», Sarkozy donne d’ailleurs clairement à lire ce dont personne ne doute : avec son titre lyrique – La France pour la vie – ce livre marque bel est bien le début de sa campagne pour la primaire présidentielle de novembre 2016. «Tout dire avant le grand rendez-vous de 2017 pour tout faire après. Telle est bien, me semble-t-il la seule stratégie possible», écrit le candidat.

Le Figaro qui en publie ce matin les bonnes feuilles en exclusivité a trouvé que Sarkozy réussissait «encore une fois à surprendre». Le quotidien note qu’à la différence des Mémoires du général de Gaulle, seulement tournées vers le passé, cet ouvrage d’un ancien président propose «un examen de soi» avant un éventuel retour au pouvoir. Voilà qui place l’entreprise à son juste niveau. Ceux qui conseillaient à l’ancien chef de l’Etat de reconnaître quelques erreurs lors de son quinquennat en ont pour leur argent : selon la comptabilité du Figaro, il y aurait, au total 27 reconnaissances d’erreurs. Un record.

Certes, il lui est tout de même arrivé d’avoir raison. Par exemple quand il a proposé dans son célèbre discours de Grenoble de durcir sa politique sur la sécurité et l’immigration, en instaurant notamment la déchéance de nationalité pour les binationaux assassins de policiers. Il explique qu’il a été freiné dans ses ardeurs par son Premier ministre François Fillon qui lui expliquait, avec d’autres, que les Français avaient «besoin d’un président apaisant et rassurant». Il n’aurait pas dû les écouter : «On ne me reprendra pas à faire des compromis de circonstance avec mes convictions», jure le repenti Sarkozy.

«Casse-toi, pauvre con»

Il «regrette d’avoir retardé des réformes qui auraient dû être engagées dès les premiers jours», notamment la TVA sociale. Il estime qu’il aurait dû «aller beaucoup plus loin» sur les 35 heures et sur l’ISF. Et les heures supplémentaires défiscalisées qu’il présentait, il y a encore quelques mois comme l’un de ses grandes réussites ? Impitoyable avec lui-même, il affirme que ce fut une «erreur» de plus. Et que dire du «Casse toi, pauvre con» lâché à un visiteur du Salon de l’agriculture ? « Ce fut une bêtise que je regrette encore aujourd’hui. En agissant ainsi, j’ai abaissé la fonction présidentielle. » Quant au séjour sur le yacht de Bolloré après son élection, il se «demande encore» comment il a «pu commettre un tel impair».

C’est qu’entre-temps, le Sarkozy bling bling est devenu un homme de culture. Il tient tant à ce que cela se sache qu’il y consacre tout un chapitre de son livre, La culture : un sujet présidentiel. ll veut s’inscrire dans la lignée de François Mitterrand qui a rendu possible «l’action inventive et dynamique de Jack Lang». Pour ce qui concerne son quinquennat, il constate lucidement que ceux qui se sont donné beaucoup de mal pour le faire passer pour «un homme brutal et inculte» n’ont pas si mal réussi. Et là encore, deux «erreurs» auraient rendu possible cette caricature.

La première, ce fut d’avoir avoué qu’il n’avait «pas aimé la Princesse de Clèves», donnant ainsi à la gauche «forcément cultivée» une occasion d’en faire «le symbole de l’inculture». Sur le fond, il persiste et signe : la Princesse de Clèves est bien «d’un ennui mortel» et il faut ne pas l’avoir lu pour prétendre le contraire. L’autre «erreur» avouée par Sarkozy : il regrette de pas avoir laissé voir, comme Mitterrand jadis, l’étendue de sa culture, lui qui «ne peut concevoir le bonheur de vivre sans discussions passionnées avec les créateurs». Oui, Il est «passionné» par tout ce qui touche à l’art au cinéma et la peinture, à la littérature. Pourquoi avoir gardé ces trésors secrets ? Parce qu’il y aurait eu trop «d’impudeur» à les révéler. Sarkozy, victime de sa pudeur ? Voilà une hypothèse rarement explorée…

Alain Auffray

Source Article from http://www.liberation.fr/france/2016/01/22/en-toute-pudeur-sarkozy-se-livre-au-jeu-des-27-erreurs_1428141
Source : Gros plan – Google Actualités

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