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Au Pôle Nord, le thermomètre affiche 20 degrés de plus que les normales de saison – Le Figaro

Un temps d’été au mois de décembre. C’est un peu le sentiment que l’on a eu, dans l’Hexagone et ailleurs dans le monde, ces dernières semaines, mais c’est bien la réalité de la situation actuelle au Pôle Nord. Mercredi, le mercure y a atteint entre 0 et 2°C, soit un niveau supérieur de 20 degrés aux normales de saison. Habituellement, la température s’approche du point de congélation seulement pendant l’été.

Cette hausse des températures est due à une «puissante et violente» dépression qui affecte l’Atlantique nord, selon les services météorologiques canadiens. Après avoir fait connaître à l’est du Canada un Noël exceptionnellement chaud (15,9°C le 24 décembre à Montréal pour des moyennes souvent proches des -10°C habituellement), cette dépression a gagné l’océan Atlantique nord. Elle est actuellement centrée sur l’Islande, y faisant chuter la pression de l’air à 928 hectopascals, et entraînant des vents de 140 km/h et des vagues de 15 mètres de haut.

L'Arctique est l'une des zones de la planète les plus touchées par le réchauffement climatique, comme l'illustre cette photo prise en août 2005. Les températures actuellement relevées dans la zone correspondent aux normales saisonnières de l'été.

L’Arctique est l’une des zones de la planète les plus touchées par le réchauffement climatique, comme l’illustre cette photo prise en août 2005. Les températures actuellement relevées dans la zone correspondent aux normales saisonnières de l’été. Crédits photo : PETER WEST/AFP

«C’est une dépression extrêmement violente et extrêmement puissante, ce n’est donc pas surprenant que les températures chaudes soient poussées si au nord et que des vents violents touchent l’Angleterre» où l’armée a été mobilisée face aux intempéries, a déclaré à l’AFP Natalie Hasell, météorologue au ministère canadien de l’Environnement. «Cette dépression profonde fait avancer de l’air chaud jusqu’au Pôle Nord, où les températures sont au moins supérieures de 20 degrés Celsius par rapport à la normale», se situant «autour du point de congélation avec 0, 1 et 2 degrés», a ajouté cette spécialiste des épisodes climatiques extrêmes.

Des scientifiques américains du North Pole Environmental Observatory (NPEO) ont relevé que le mercure avait brusquement grimpé ces deux derniers jours, passant de -37°C lundi, à -8°C mercredi, sur une balise dans l’Arctique située à environ 300 km du Pôle Nord.

Trop tôt pour lier ce phénomène au changement climatique

L’Arctique est la région du globe la plus affectée par le réchauffement climatique, avec des températures dorénavant supérieures de trois degrés minimum par rapport à l’ère pré-industrielle, selon les instituts internationaux. Les chutes de neige y sont plus fréquentes, les vents plus violents et la banquise est en constant recul depuis plus de 30 ans.

Il serait trop tôt toutefois de lier les températures douces observées en cette fin 2015 au Pôle Nord au réchauffement climatique, a mis en garde Natalie Hasell, notant que les météorologues ne basaient pas leurs conclusions «sur une seule anomalie». D’autant que la météorologie nationale canadienne ne dispose pas d’archives des températures sur le toit de la Terre. Toutefois, «c’est vraiment bizarre d’avoir des températures autour de 0 fin décembre au Pôle Nord», a remarqué la spécialiste. Natalie Hasell souligne que la dépression, avec ses températures plus chaudes, allait se déplacer dans les prochains jours vers la Sibérie, dans le nord de la Russie.

Le phénomène El Niño en cause

Capitale du territoire inuit du Nunavut, au nord-est du Canada sous le cercle arctique, Iqaluit a enregistré à Noël des températures comprises de -4,6°C et -4,9°C, contre -21°C en moyenne, du jamais vu là encore. L’île de Baffin, sur laquelle se situe Iqaluit, a même connu des pluies en décembre, souligne David Phillips, météorologue au ministère canadien de l’Environnement. «C’est sans doute El Niño qui s’aventure au Nord», a-t-il affirmé à l’AFP. Ce phénomène climatique qui survient tous les quatre à sept ans en moyenne et a déjà fait parler de lui cette année. Provoqué par un changement de sens des alizés au-dessus du Pacifique équatorial, El Niño connaît en 2015 un épisode probablement le plus puissant depuis les 100 dernières année. Conjugué au réchauffement climatique, il a généré des épisodes météorologiques extrêmes: inondations, tornades, vagues de chaleur.

Ces températures hors-normes au Pôle Nord font écho à de nombreuses manifestations d’un hiver exceptionnel sur le plan du climat. Particulièrement doux en Europe, il engendre déjà un dérèglement de la végétation, alors que l’on trouve des arbres en fleurs comme en plein printemps. Dans le même temps, la ville d’Istanbul fait face, mercredi, à des perturbations dans ses transports en raison de fortes chutes de neige. Turkish Airlines a annulé 265 vols en partance et à destination de l’aéroport Atatürk et 37 autres qui devaient décoller ou atterrir à Sabiha Goksen. La compagnie aérienne à bas coûts Pegasus a de son côté annulé 34 vols.

Si l’arrivée d’un manteau blanc d’hiver est chose fréquente en Turquie, la quantité de neige tombée est, elle, inhabituelle. La municipalité d’Istanbul a annoncé mercredi avoir mobilisé 1000 véhicules et engins pour maintenir les routes ouvertes, tout en priant la population de limiter ses déplacements. De nouvelles chutes de neige sont attendues jeudi. Un phénomène similaire était survenu en février.

Source Article from http://www.lefigaro.fr/sciences/2015/12/31/01008-20151231ARTFIG00043-au-pole-nord-le-thermometre-affiche-20-degres-de-plus-que-les-normales-de-saison.php
Source : Gros plan – Google Actualités

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