En déplacement en Amérique latine, le souverain pontife a, pêle-mêle, appelé à la fin du « génocide » des chrétiens au Moyen-Orient et demandé de mettre « l’économie au service des peuples ».
Ré-vo-lu-tion-nai-re, ou presque. En périple latino-américain, le pape François a prôné depuis la Bolivie d’Evo Morales, l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, un « changement réel, un changement de structure » et passé au crible les grandes thématiques actuelles: économie, environnement, groupe terroriste Etat islamique…
Avec ses récentes déclarations, prononcées lors d’une grande messe célébrée sur la place du Christ Rédempteur de Santa Cruz, devant un million de fidèles, il reste dans le sillon tracé depuis son élection en mai 2012: conservateur, mais pas contre la modernité.
1 – Tu condamneras l’économie capitaliste
Face à son auditoire, le 10 juillet, le pape a dressé un triste constat. « Reconnaissons-nous que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a tant de paysans sans terre, tant de familles sans toit, de travailleurs sans droits, tant de personnes blessées dans leur dignité? »
Puis, il a dénoncé avec violence l’économie capitaliste, alors que la crise en Grèce bat son plein. « Les êtres humains ne doivent pas être au service de l’argent. Cette économie tue! Cette économie détruit! Elle détruit la Terre-Mère. » Et ajouté: « Quand l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique, cela ruine la société, condamne l’homme, le transforme en esclave. »
Dans un message d’espoir, le pape François a néanmoins assuré qu’une nouvelle économie est possible. « Ce n’est pas une utopie. Les ressources disponibles dans le monde sont plus que suffisantes pour le développement intégral de l’Homme. »
2 – Tu ne pollueras point
« Habemus papam ecologicum », ont tweeté les Verts mi-juin après l’encyclique du pape sur « le soin de la maison commune » qui appelle à lutter contre la « destruction irrémédiable et sans précédent de l’écosystème. Lors de sa tournée, le pape a de nouveau recommandé de « prendre soin » et « défendre » la Mère Terre », « pillée, dévastée, bafouée impunément ».
Lors de la première étape de son voyage, en Equateur, il avait aussi lancé un appel pressant à ne plus « tourner le dos » à « notre mère la Terre ».
3 – Tu ne tueras point
« Aujourd’hui, nous voyons avec horreur comment au Moyen-Orient et ailleurs sont persécutés, torturés, beaucoup de frères chrétiens », a par ailleurs dénoncé le pape François.
Il faisait ici référence aux violences dont sont victimes les chrétiens en Syrie et en Irak, où le groupe terroriste Etat islamique (EI) a conquis de larges territoires dans une offensive marquée notamment par des décapitations et des conversions forcées à l’islam.
« Dans cette troisième guerre mondiale par morceaux que nous vivons, il y a une forme de génocide en marche qui doit cesser », a-t-il ajouté.
4 – Tu ne jugeras point les homosexuels
« Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger? » interrogerait un an après son élection le pape, ouvrant ainsi une porte à la tolérance. Du respect, oui, mais point d’union! La famille, reste à ses yeux un couple formé d’un homme, d’une femme et d’enfants.
Tu recevras les victimes d’abus sexuels
Concernant les abus sexuels commis par les prêtres, le pape François a eu tendance à exonérer l’Eglise de toute faute. « Aucune autre n’a fait plus (que l’Eglise). Et pourtant l’Eglise est la seule à être attaquée. » Mais selon lui, « la grande majorité des abus viennent de l’environnement familial et des voisins. »
En mai dernier, néanmoins, de retour d’un voyage en Terre sainte, il a assuré qu’il recevrait des victimes de prêtres pédophiles, estimant que ces crimes commis par des religieux sont comme « une messe noire »: ces enfants « cherchent la sainteté » de Dieu en allant dans les églises, et « ces prêtres trahissent le Seigneur ».
Tu pardonneras l’avortement
Si une femme a avorté, que cela lui « pèse énormément » et qu' »elle est sincèrement repentante », son acte doit être pardonné pour le pape. Car « le confessionnal n’est pas une salle de tortures mais le lieu de la miséricorde », confie-t-il à la revue jésuite Civilta Cattolica.
Mais l’avortement reste un péché. En 2012, lorsque le gouvernement de Buenos Aires, dont il était alors l’archevêque, l’a dépénalisé en cas de viol, il a dénoncé une mesure « lamentable ». « Quand nous parlons d’une mère enceinte, nous parlons de deux vies, les deux doivent être préservées et respectées, car la vie est une valeur absolue ».
Tu accompagneras les divorcés
Concernant les divorcés, le souverain poncife appelle à les « accompagner » « avec miséricorde ». Il recommande ainsi à l’Eglise de tenir compte « de leurs conditions de vie réelles ».
Quant aux couples pratiquants et non mariés, il convient, estime le pape François, de leur rappeler la règle du mariage, mais sans les rejeter ou les juger de manière dogmatique.
Tu tweeteras (et téléphoneras)
Avec plus de followers que le président américain Barack Obama, le pape alias Pontifex pèse lourd sur Twitter, vaste relais de sa sainte parole. On dit aussi que le successeur de Benoît XVI est un grand adepte du téléphone, qu’il n’hésite pas à décrocher pour toutes les occasions. « Allô, c’est le pape? » gratifie-t-il ses interlocuteurs.
Source Article from http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/francois-ce-pape-presque-revolutionnaire_1697739.html
Source : Gros plan – Google Actualités