« Le pape, combien de divisions ? » Le célèbre mot de Staline pourrait être détourné, tant le pontificat de François a servi de révélateur à des querelles qui sont plus anciennes mais que le débat voulu par le pape sur la pastorale de la famille a révélées au grand jour, des cardinaux de premier plan s’affrontant publiquement autour de la question de la position de l’Église vis-à-vis des divorcés-remariés ou des homosexuels, en s’accusant mutuellement de rigidité doctrinale, ou au contraire de brader l’enseignement de l’Église.
Pourtant, qu’ils soient enthousiastes ou critiques vis-à-vis du “style François”, tous lui rendent cet hommage : plus accessible que ses prédécesseurs, François a su éviter les effets de cour, qu’il dénonce avec régularité dans ses discours, autour de sa personne. Si l’on connaît les noms des cardinaux qui le soutiennent activement — Kasper, Maradiaga, Marx, Baldisseri —, ils ne forment pas autour du pape une garde rapprochée et exclusive. Et nombre de ceux qui se sont opposés à eux lors du synode de la famille ont été nommés à des postes de haute responsabilité par le pape François, comme Mgr Sarah, à la tête de la Congrégation pour le culte divin, ou Mgr Pell, qui préside le nouveau Secrétariat pour l’économie, ou confirmés par lui, comme le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Outre des controverses sur la conduite des débats du synode — la publication d’un rapport d’étape qui s’éloignait sensiblement de la réalité des propos effectivement tenus durant les travaux a fait polémique —, les cardinaux se sont affrontés sur les rapports de la pastorale et de la doctrine. Réunis autour du cardinal Kasper, dont le pape a fait à plusieurs reprises l’éloge appuyé (allant jusqu’à louer sa « théologie à genoux ») et qu’il avait chargé de lancer le débat, les uns estiment que l’important est aujourd’hui de réconcilier l’Église avec ceux qui s’en tiennent éloignés à cause de la trop grande exigence de sa morale familiale. Les autres soulignent qu’il importe avant tout de défendre le modèle traditionnel de la famille, attaqué de toute part, et l’indissolubilité du mariage, directement héritée de l’enseignement du Christ.
« C’est le cardinal Burke que l’on entend le plus, analyse le vaticaniste Jean-Marie Guénois, mais le cardinal Müller ose lui aussi saisir toutes les occasions pour exprimer ses réserves au titre même de sa fonction à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il y a aussi bon nombre d’évêques africains, dont le cardinal Sarah, et américains qui les suivent. Bref, ils ne sont pas la “minorité” si facilement stigmatisée que l’on croit. Ils ne sont pas non plus totalement opposés au pape qu’ils respectent beaucoup et qu’ils admirent pour ce qu’il apporte à l’Église. Mais ils disent ce qu’ils ont à dire dans la ligne du débat ouvert souhaité par François. Cette disputatio théologique n’est donc pas une guerre de tranchées, mais un débat de fond, très clair et ouvert, auquel l’Église n’était plus habituée depuis des décennies. »…Lire la suite…
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Source : Gros plan – Google Actualités