Qui se souvient de la déception ressentie en 1999, quand, encore tout éblouis par l’éclipse totale de Soleil que la France venait d’admirer ce matin du 11 août, on a appris qu’un tel phénomène ne se reproduirait pas avant l’an 2081 ? Seuls les plus jeunes de nos lecteurs auront la chance d’y assister (les autres pourront passer l’été en Espagne en 2026). Mais il y aura tout de même de bien jolies choses à observer dans le ciel français d’ici là… à commencer par une éclipse partielle, vendredi prochain.
Où la verra-t-on ?
Techniquement, l’éclipse solaire du 20 mars 2015 entrera bien dans la catégorie des éclipses «totales», puisqu’à certains endroits du globe, l’astre du jour disparaîtra totalement derrière la Lune. Mais ces endroits sont majoritairement peuplés de poissons, car la «bande de totalité» slalomera entre les îles des mers du nord. Seule une poignée de chanceux verront la nuit tomber en plein jour sur les îles Féroé, au sud-est de l’Islande, ou au Spitzberg, dans l’archipel norvégien du Svalbard, très au nord.
Plus l’observateur se trouvera au Sud, moins la Lune masquera le Soleil. Les observateurs britanniques et scandinaves seront vernis, et les Français plutôt bien lotis : plus de 80% de la surface du Soleil sera masquée de la Bretagne à la côte d’Opale en passant par la Normandie. La couverture descendra à 70% vers Clermont-Ferrand, 65% sur la Côte d’Azur et 58% en Corse.
Que verra-t-on ?
Le Soleil aura beau perdre plus de la moitié de sa surface apparente, il continuera de briller assez fort et d’éclairer suffisamment notre atmosphère pour qu’on ne perçoive pas de baisse de luminosité à l’œil nu. Comme lorsque d’épais nuages filtrent la lumière du jour, notre œil s’adapte et compense. Les personnes ignorant qu’une éclipse a lieu vendredi prochain ne s’en rendront même pas compte.
D’autant plus que le phénomène est long et progressif : il s’écoulera deux heures entre le moment où la Lune croquera sa première bouchée de Soleil et celui où elle le quittera totalement. Pour percevoir le changement de lumière, il faudra compter sur la photographie – par exemple en posant l’appareil en mode manuel sur un pied, et en enregistrant automatiquement des dizaines de clichés à intervalles réguliers.
En revanche, le spectacle sera impressionnant si l’on surveille la forme du disque solaire rétrécir jusqu’à ne former qu’un croissant, en le regardant directement avec des lunettes de protection ou indirectement, par projection.
A quelle heure ?
Le premier contact aura lieu aux alentours de 9h20 du matin, selon la latitude. Le maximum de l’éclipse sera observable vers 10h30, et l’éclipse prendra fin autour de 11h40 (les horaires exacts, département par département, sont consultables sur cette page).
Comment l’observer ?
Même rongé aux trois quarts, le Soleil reste particulièrement dangereux pour l’œil humain, et quelques secondes d’observation à l’œil nu suffisent à nous rendre aveugles ou provoquer des lésions irréversibles. Pas plus qu’en temps normal, on ne s’amusera donc à lancer des œillades à notre étoile.
La meilleure solution consiste à se procurer des lunettes de protection spécialement adaptées aux éclipses. Sur la monture en carton sont posés des filtres solaires, soit en polymère noir, soit d’aspect argenté quand il s’agit de feuilles d’«astrosolar». Ces lunettes permettent de regarder le Soleil droit dans les yeux. Une paire est offerte avec les numéros de Science et Vie, de Ciel et Espace (passionnant canard) ou d’Astronomie Magazine actuellement en kiosque. On peut également les acheter dans des magasins d’optique (passez un coup de fil au vendeur de télescopes ou de jumelles le plus proche), autour de 3 euros l’unité.
Attention toutefois à ne pas réutiliser les lunettes de 1999, pour les consciencieux qui les auraient conservées dans un tiroir. Même si les filtres solaires ont l’air en parfait état et ne présentent ni trou, ni rayures, ni plis, leurs propriétés protectrices peuvent s’altérer avec le temps. Mieux vaut ne prendre aucun risque et considérer les lunettes comme étant à usage unique.
Les heureux propriétaires d’un masque de soudeur de grade 14 pourront s’en servir.
Et tout n’est pas perdu pour les retardataires ou les malchanceux sans lunettes. Une solution toute bête consiste à observer l’éclipse indirectement, par projection. Prenez un morceau de carton, percez-y un trou de 2 mm maximum et tenez le carton à 30-40 cm d’une surface unie : la forme du Soleil s’y projettera. Ça marche aussi avec jumelles dirigées vers le soleil et placées devant une feuille blanche (mais attention à ne surtout pas mettre l’œil à l’oculaire !), et toutes sortes de petits trous.
Photo Jordi Masague, CC BY SA
Photo Mikol, CC BY SA
Source Article from http://www.liberation.fr/sciences/2015/03/13/tout-ce-qu-il-faut-savoir-sur-l-eclipse-du-20-mars_1219843
Source : Gros plan – Google Actualités