L’accélération des indices boursiers au cours des derniers mois intervient alors que les résultats des entreprises déçoivent des deux côtés de l’Atlantique. Attention à l’excès de confiance avertit Eric Galiègue, président du bureau de recherche Valquant et membre du Cercle des analystes indépendants.
On peut parler d’euphorie sur les marchés d’actions. La hausse des actions européennes, calculée sur la base des cours de fin octobre 2014, atteint 20 %. La saisonnalité des marchés est à nouveau respectée : il faut acheter fin octobre pour vendre fin avril.
Ce rattrapage boursier est conforme à nos attentes et analyses proposées tout au long de l’année 2014. Notamment, nous faisons le parallèle entre la situation actuelle et la situation du début des années 80, avec, à la manœuvre, la Fed, qui a vaincu l’hydre inflationniste au début des années 80, et serait capable de vaincre l’ogre déflationniste des années 2010… Dans les deux cas, la hausse du dollar apparait comme un outil de transmission au reste du monde, de la prospérité américaine. Dans les deux cas, un contre choc pétrolier permet de finir le travail…
Pourtant, aujourd’hui, nous considérons qu’il est temps de prendre ses bénéfices, de ne pas attendre fin avril pour vendre. En effet, la poursuite d’une telle hausse, aussi intense et rapide, nécessite effectivement la victoire contre la déflation. Or, nous pensons qu’on est encore loin de cet objectif. Notre recommandation de vendre les actions s’adresse à des investisseurs qui ont une aversion au risque significative. Evidemment, les investisseurs qui ont une faible aversion au risque peuvent continuer à accompagner le mouvement haussier, mais il est clair, à ce stade du cycle, qu’il ne faudra pas rater la porte de sortie…
Nous avançons plusieurs arguments pour vendre les actions et encaisser la plus-value des derniers mois :
1 / La hausse de la capitalisation boursière des actions de la zone euro dépasse 1000 milliards en quatre mois. Tout se passe comme si le marché avait anticipé le Quantitative Easing que la BCE a annoncé le 20 janvier, d’un montant comparable. Il est était déjà « dans les cours ». Evidemment, l’argent crée par la BCE ne se déverse pas directement sur le marchés d’actions, mais le parallèle est troublant…
2/ Aux Etats-Unis, l’accélération haussière ne date pas des quatre derniers mois, mais la situation actuelle est impressionnante, notamment si on exprime la performance annuelle en €. A + 40%, la performance annuelle est parmi les plus fortes que l’indice S&P ait connues depuis 30 ans. Sans forcément imaginer les épisodes de 1987 et 2001, ce graphique est très inquiétant …
3/ Aux Etats-Unis, la croissance des bénéfices se réduit drastiquement. Calculée sur une base médiane, pour les 500 entreprises qui composent l’indice S&P 500, elle est au plus bas hors situation de récession. La hausse du dollar et la très faible inflation, pénalisent les entreprises américaines. Elles l’ont dit à de nombreuses reprises lors de la publication de leurs résultats 2014…
4/ En Europe, aussi, la situation sur le front des entreprises peine à s’améliorer. Malgré un contre choc pétrolier, la baisse de l’euro et un frémissement de la conjoncture économique, les analystes ne révisent toujours pas en hausse leurs anticipations de bénéfices. Cela montre qu’il ne faut pas aller trop vite en besogne : les entreprises rechignent à investir, et les consommateurs à consommer, dans un environnement d’endettement excessif….L’inversion de la courbe des bénéfices est très difficile à obtenir.
Le contenu monétaire de la hausse des marchés financiers est évident. C’est le seul argument qui permet de justifier l’accélération haussière des dernières semaines. Sauf à imaginer que les marchés financiers ne reflètent plus que la liquidité, ce qui n’est pas notre cas, la situation est devenue très malsaine.
D’un point de vue tactique, nous recommandons de vendre les actions, dans la crainte d’une correction de 10 %, mais sans remettre en cause notre analyse de long terme, favorable aux actions. Cette analyse très favorable, nécessite un minimum de succès tangibles sur le front de la lutte contre la déflation.
Eric Galiègue
Le Cercle des analystes indépendants est une association constituée entre une douzaine de bureaux indépendants à l’initiative de Valquant, la société d’analyse financière présidée par Eric Galiègue, pour promouvoir l’analyse indépendante.
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Source : Gros plan – Google Actualités