Décidément, Amal Clooney a envie d’en découdre avec la justice égyptienne. La célèbre avocate britannique, qui défend l’un des journalistes d’Al-Jazeera que Le Caire a refusé de libérer jeudi, a révélé samedi avoir été menacée d’arrestation en février dernier alors qu’elle s’apprêtait justement à épingler dans un rapport la justice du pays.
Sur le même sujet
Le Caire assure de son côté ne jamais avoir empêché la célèbre avocate britannique d’entrer sur son territoire.
Le 10 février dernier était rendu public un rapport réalisé pour le compte de l’Association internationale du barreau fustigeant le manque d’indépendance de la justice égyptienne. Son auteure n’était autre qu’Amal Alamuddin, célèbre avocate britannique d’ascendance libanaise, mariée depuis septembre dernier à l’acteur George Clooney. Dans une interview samedi au Guardian, l’épouse du comédien a assuré avoir subi des menaces «au moment de publier le rapport». «Ils ont commencé par nous interdire de le faire au Caire. Ils ont demandé: Est-ce que le rapport critique l’armée, la justice ou le gouvernement ? On a répondu : Oui… Dans ce cas, vous risquez d’être arrêtés, ont-ils dit alors», confie l’avocate.
La réaction du Caire aura pris 24 heures. «Les autorités égyptiennes n’ont pas empêché Mme Clooney de venir en Egypte, il n’y a aucune mesure faisant obstacle à sa venue, rien n’empêche son entrée à n’importe quel moment», a répliqué dimanche le ministère de l’Intérieur dans un communiqué rapporté par l’agence de presse officielle Mena. «Elle devrait dire exactement qui lui a dit cela, pourquoi ne pas préciser dès le début qui lui a dit cela ?», a demandé le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Hani Abdel Latif, ajoutant : «Nous n’avons rien contre elle.»
La justice du Caire trop dépendante du pouvoir, selon Amal Clooney
Le Caire a pourtant toutes les raisons d’avoir une dent contre l’avocate : très critique envers le système judiciaire égyptien, elle l’estime trop dépendant du pouvoir autoritaire exercé par Abdel-Fattah al-Sissi depuis la destitution en juillet 2013 de l’islamiste Mohamed Morsi.
Devenue depuis ce rapport l’avocate d’un des trois journalistes d’Al-Jazeera emprisonnés en Egypte depuis un an pour soutien à la confrérie des Frères musulmans, Amal Clooney a d’ailleurs donné son interview au Guardian trois jours après que la justice égyptienne a décidé de maintenir en détention les trois journalistes de la chaîne qatarie, dans l’attente d’un nouveau procès, qui laisse l’avocate pessimiste : «Si le principe est qu’il y a eu des erreurs mais que le nouveau procès reposera sur les mêmes bases que le premier, cela ne signifiera pas grand-chose», selon elle.
Le réchauffement récent des relations avec le Qatar, longtemps accusé par l’actuel pouvoir égyptien d’avoir utilisé Al Jazeera pour soutenir ses opposants, laissait pourtant envisager une issue plus favorable. Mais pour Amal Clooney, ces reporters sont bel et bien victimes de l’acharnement du pouvoir à réprimer l’opposition. Depuis l’été 2013, au moins 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués et plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été emprisonnés, des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l’ONU de «sans précédent dans l’Histoire récente».
> Restez informés ! Inscrivez-vous gratuitement aux newsletters et alertes du Parisien
Source Article from http://www.leparisien.fr/international/egypte-les-autorites-nient-avoir-menace-amal-clooney-04-01-2015-4418053.php
Source : Gros plan – Google Actualités
